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Présidentielle : Le Pen et Sarkozy se livrent à une surenchère judiciaire.

Publié le  Par Jennifer Declémy

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Les deux candidats, qui se ressemblent de plus en plus dans cette élection, abordent, en matière de justice, un même discours populiste, mettant l'accent sur la répression avant la prévention.

Durant tout son quinquennat, Nicolas Sarkozy a appliqué en matière judiciaire une politique extrêment dure, se basant uniquement sur deux piliers : la répression et l'aversion des juges. Aujourd'hui Marine Le Pen tient le même créneau et monte dans la surenchère.

"L'institution judiciaire, c'est d'abord l'institution des victimes" a déjà dit à plusieurs reprises le candidat UMP, qui a d'ailleurs consacré les rares propositions de son programme consacrées à la justice auxdites victimes. Et durant son mandat, il a insisté nombre de fois sur l'importance qu'il faut accorder aux victimes, envers qui le devoir de justice doit se tourner tout entier : ainsi quand il déclare que "la victime, son histoire, sa personnalité, la fracture que représente la rencontre avec le crime ou le délit, doivent  être davantage pris en compte" ou que "la victime pourra s'apaiser si elle a le sentiment que votre décision est juste et que vous ayez pris en compte sa souffrance".

Contre les juges Nicolas Sarkozy s'érige en défenseur des victimes, tout comme Marine Le Pen donc, dans cette campagne présidentielle. Cette dernière propose ainsi "un corps d'agents d'accompagnement afin d'accueillir les victimes et de les accompagner tout au long du procès". Pour la candidate d'extrême-droite, un volet important de son programme judiciaire réside dans la revalorisation de la victime dans le processus judiciaire. De même, tout comme le président sortant, la candidate du FN se déclare en faveur de davantage de jurys lors des procès, une expérimentation entamée par l'UMP depuis janvier 2012. Mais elle va plus loin encore en déclarant que l'application des peines soit assurée par les victimes justement.

Les deux candidats partagent également cette volonté de sanctionner à tout prix, et de durcir les sanctions, comme l'ont montré les récurrentes lois adoptées par l'UMP en cinq ans. Le même objectif de "tolérance zéro" anime l'UMP et le FN. La candidate d'extrême-droite veut entre autres supprimer les remises automatiques de peine, renvoyer les délinquants étrangers chez eux et renforcer la responsabilité des délinquants mineurs.

Enfin, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen partagent le même mépris envers les juges, souvent considérés comme des "gauchistes laxistes". Durant le dernier quinquennat, le chef de l'état a très souvent sorti de violentes diatribes contre le juge, allant même à l'encontre du principe de séparation entre les pouvoirs. Quant à Marine Le Pen, elle va plus loin en voulant supprimer certaines libertés aux magistrats, comme le droit de se syndiquer ou même "d'écrire ou de témoigner au sujet d'une quelconque affaire ayant trait à leur fonction" ce qui représente, ni plus ni moins, une forme de censure.

Les discours de ces deux candidats sur la justice, s'il n'est pas similaire en tout points, montrent cependant une forme de base idéologique commune, qui est l'avantage donnée aux victimes, qui doivent être présentes à tous les moments du processus judiciaire et y avoir un rôle beaucoup plus déterminant, tandis que les sanctions sur le délinquant/criminel sont considérablement renforcées, sans que l'on tente d'agir en amont sur le processus qui amène quelqu'un à tomber dans la délinquance. C'est un choix de société, idéologique, dont les effets bénéfiques restent à prouver.