Présidentielle : l’UMP découvre son amour pour Jean-Luc Mélenchon.
Publié le Par Jennifer Declémy
La grande surprise de la campagne 2012 sera sûrement la percée du candidat du Front de Gauche, et les réactions que cela suscita dans l'ensemble de la classe politique, qui oscilla entre détestation profonde et fausse sympathis.
Révélation de la campagne, Jean-Luc Mélenchon n’en finit plus d’attiser les passions : entre des écologistes jaloux, des socialistes apeurés et des frontistes furieux, le candidat du Front de Gauche rencontre néanmoins une sympathie complètement inattendue, celle de l’UMP.
« Lui au moins il a des idées, du talent, de l’énergie », le flatte Nicolas Sarkozy qui n’hésite plus à se comparer au trublion de la gauche, qui, « avec moi, c’est le seul candidat anti-système ». Une déclaration qui fait rire au Front de Gauche d’ailleurs, qui se dit imperméable à cette stratégie politique.
Mais ce sont désormais tous les ténors de la majorité qui flattent l’égo de Jean-Luc Mélenchon, rivalisant de compliments sur ce candidat qui pourtant s’oppose à eux depuis dix ans et ne manque pas de verve pour les attaquer et dénoncer leur politique. Ainsi, selon la porte-parole du candidat UMP « Jean-Luc Mélenchon montre en creux tous les défauts de François Hollande qui n’a pas de dynamique et vit en rentier des sondages ».
Même Rama Yade, récemment ralliée au chef de l’état s’y met et estime que le candidat de gauche « capte une partie de la colère populaire (…) par contraste il met en lumière la fadeur de François Hollande ». Et le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino reconnait également « du talent » à l’ancien socialiste, « un bon orateur (…) il est intelligent. Contrairement à François Hollande il construit son discours sur un diagnostic de l’état du monde. Sur certains aspects de ce diagnostic, je ne peux pas lui donner tort ».
Le principal intéressé n’est cependant pas dupe de telles manœuvres, comprenant que « Sarkozy veut mettre la pagaille entre Hollande et moi. Mais il n’y croit pas lui-même. Il n’y a pas une personne en France qui va voter pour moi parce que Sarkozy a dit du bien de moi » a-t-il raillé devant des journalistes. Et effectivement, les dernières études montrent que la stratégie de l’UMP, qui visait à faire monter le Front de Gauche au détriment du Parti Socialiste ne marche pas : Jean-Luc Mélenchon est plus haut que jamais, dépassant même Marine Le Pen, mais cela ne fait qu’apporter de puissants reports de voix à François Hollande qui voit son score du second tour augmenter. La majorité ne prend pas assez en compte le puissant antisarkozysme qui cimente toute la gauche, malgré ses divergences politiques profondes. Un ciment commun qui pourrait bien mener à la victoire.