Les 35heures, cible privilégiée de la droite.
Publié le Par Jennifer Declémy
Cela fait plus de dix ans que la loi a été adoptée et pourtant, l'UMP continue de taper dessus, la blâmant de tous les maux de la société française. Douze ans plus tard, le débat sur les 35heures n'en finit pas.
C'est un refrain qui revient dans chaque discours ou presque de Nicolas Sarkozy, un thème sans cesse abordé par l'UMP et décrié par les ténors de la majorité. Douze ans plus tard, la loi des 35heures votée par les socialistes au pouvoir continue d'être un puissant marqueur entre les deux principaux partis, la gauche y voyant un symbole, la droite la vilipendant comme pas permis.
A en croire l'actuel chef de l'état, les 35heures seraient "la plus grave erreur économique" que la France ait commise et qui péserait considérablement sur l'économie actuelle. Si sur ce sujet les chiffres défilent et se contredisent, l'attitude de l'UMP elle ne change pas d'un iota. Pourtant, depuis 2007 la loi de Martine Aubry a largement été amendée par la droite au pouvoir.
Quand Nicolas Sarkozy est élu président, il faut aussitôt voter la loi TEPA qui, entre autres, autorise la defiscalisation des heures supplémentaires et desserre le carcan autour des 35heures, expliquant alors que "le partage du temps de travail est une absurdité, une erreur monumentale que nous avons été les seuls à travers le monde à épouser (...) c'est une stratégie suicidaire, un suicide économique et un massacre social. J'ai le courage d'accuser les 35heures d'être un élément de la régression économique de la France et de la régression sociale de la France".
Dans un contexte de crise économique de plus en plus grave, c'est tout naturellement que le président-candidat a enfourché de nouveau ce refrain, promettant, une nouvelle fois, en cas de réelection d'assouplir encore davantage les 35heures. Pour autant, il ne désire pas abroger la loi qui reste "un acquis social". Un argument qui intrigue.
Le paradoxe est ici que, alors que certains ministres et membres de l'UMP se félicitent du fait que les 35heures n'existent plus que sur le papier, tant des dérogations existent, le chef de l'état continue à accuser les 35heures d'être la cause des maux actuels de l'économie française. La vérité est sans doute que le bouclier des 35heures permet à Nicolas Sarkozy de rassembler son camp derrière lui et de cliver entre droite et gauche, manière de rappeler que la division existe contrairement à ce qu'affirment Marine Le Pen et François Bayrou. Et une sortie définitive des 35heures provoquerait sûrement une levée de boucliers et des manifestations, les français restant attachés à cette avancée sociale.