Présidentielle : les candidats affrontent la surprise Melenchon
Publié le Par Jennifer Declémy
Il est LA surprise de l'élection présidentielle et les autres candidats doivent désormais l'intégrer dans leurs stratégies de campagne. DECRYPTAGE.
La montée régulière et progressive de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages affole désormais tout le monde. Surprise, révélation...le monde politique et médiatique ne sait plus vraiment comment traiter ce candidat qu'ils ne voyaient pas venir. S'ils s'accordent tous à dire qu'il réalise la meilleure campagne et qu'il est un tribun hors pair, il n'empêche que les principaux candidats doivent désormais faire face à cette concurrence inattendue, que certains cherchent à instrumentaliser quand d'autres veulent l'étouffer.
Pour la droite, c'est une excellente nouvelle que de voir le candidat du Front de Gauche progresser dans les intentions de vote, et on ne manque plus à l'UMP de souligner les nombreux mérites de ce candidat qui prend des voix au socialiste François Hollande. Nicolas Sarkozy l'a bien compris : pousser en avant Mélenchon, c'est affaiblir, diminuer Hollande, et le président sortant ne manque pas d'éloges sur l'ancien sénateur, "un homme qui a du tempérament et qui a une forme de talent. Il dit ce qu'il pense, il y en a tellement dans la vie politique qui ne disent pas ce qu'ils pensent".
Et autour du candidat UMP, c'est tout son parti qui désormais s'engage dans cette direction, entre un Patrick Buisson qui loue "le candidat de la gauche populiste" ou une Valérie Rosso-Debord, snipeuse de l'UMP dans la droite filiation de Nadine Morano, qui n'a pas peur de dire que c'est un candidat estimable dont les électeurs pourront voter Sarkozy au second tour.
Le Front de Gauche n'est naturellement pas dupe des intentions de l'UMP, même si son candidat est un peu flatté et préfère penser que de cette façon, il peut imposer ses thèmes dans la campagne, comme la chasse fiscal des français domiciliés à l'étranger.
Cependant la progression de Jean-Luc Mélenchon ne fait pas que des heureux. Ainsi les verts voient d'un très mauvais oeil ce candidat dépasser la leur, et attirer même vers lui des militants et sympathisants EELV dépités par l'accord PS-EELV. D'autant plus que des cadres même du parti ont rejoint le Front de Gauche, à l'instar de Thomas Giry, Safia Lebdi ou Simon Imbert.
Les socialistes eux semblent partagés entre une satisfaction de voir leur ancien camarade attaquer frontalement le Front National, non sans talent, et de l'irritation en voyant que les points qu'il gagne se font au détriment de François Hollande. Ce dernier a d'ailleurs bien compris le danger et appelle au vote utile, dès le premier tour. La menace est d'autant plus de devoir manoeuvrer avec le FDG si ce dernier obtient un gros score au premier tour. Jean-Luc Mélenchon a déjà indiqué qu'il n'entrerait pas dans un Gouvernement qui n'appliquerait pas ses idées. Mais il pourrait bien devenir l'épine dans le pied d'une future présidence Hollande.
La question qui se pose aujourd'hui est de savoir jusqu'où ira désormais l'ancien socialiste qui se sent pousser des ailes. Sa force, qui est d'avoir mené une campagne en dehors des médias, mais au plus près des français, ne devrait pas être amoindrie par l'égalité des temps de parole qui survient la semaine prochaine et qui oblige Marine Le Pen, François Bayrou, François Hollande et Nicolas Sarkozy à trouver une nouvelle inflexion de campagne. Si ces candidats ne dynamisent pas leurs campagnes respectives, il peut vraisemblablement en dépasser certains et aller très loin.