Présidentielle : les deux principaux candidats parlent à la France du non.
Publié le Par Jennifer Declémy
La fracture de 2005 resurgit au goût du jour avec les deux principaux candidats qui ont décidé de choyer cet électorat. Dans des styles très différents...
On croyait cette fracture de la société française oubliée avec l’élection de 2007, mais sept ans plus tard elle revient en force dans le débat politique et oblige les deux principaux prétendants à l’Elysée à prendre en compte cette dynamique dans leurs discours et leurs stratégies. Pour Nicolas Sarkozy, c’est en attaquant l’Europe et en parlant aux électeurs du Front National, pour François Hollande, c’est en mettant en avant deux pourfendeurs du non de gauche, Arnaud Montebourg et Jean-Pierre Chevènement.
Le socialiste, qui, comme le candidat UMP avait voté oui en 2005, a enregistré le ralliement du souverainiste Jean-Pierre Chevènement, et a nommé son ancien rival à la primaire représentant spécial du candidat lundi dernier et la plume de ce dernier, Aquilino Morelle, directeur adjoint de la campagne. Une réponse à Villepinte pour parler à un électorat déçu par la gauche et penchant vers l’abstention ou le Front National.
Ces alliés de poids permettent à François Hollande de concilier le oui et le non, dans un style moins offensif que celui de Nicolas Sarkozy, qui lui aussi dimanche dernier a démontré son intention de séduire la France du non qui, à priori, n'a aucun intérêt à voter pour lui car se retrouvant beaucoup plus dans les électorats du Front National, du Front de Gauche et de l'extrême-gauche.
Pour parler à cette "France du non", Nicolas Sarkozy a mis en exergue dans son équipe de campagne présidentielle deux pourfendeurs du oui, Patrick Buisson et Henri Guaino qui pilotent sa stratégie présidentielle complètement et le font se concentrer sur les thèmes chers de la France du non, persuadés que la campagne ne peut se gagner sur sur l'électorat populaire et ces personnes qui ont voté non en 2005.
Cependant, ils ont beau vouloir séduire la france du non, ces deux candidats n'expriment pourtant pas de vision cohérente vis-à-vis de ce rejet qui s'est manifesté lors de ce vote référendaire. Hormis quelques minuscules mesures, des promesses de renégociation des traités, François Hollande ou Nicolas Sarkozy n'arrivent pas à concilier le oui et le non et cette fracture fondamentale, manque de programme claire, cohérent et visionnaire dans les deux cas. Au risque de faire monter les extrêmes qui se nourrissent de ce rejet.