Européennes : qui peut crier victoire ?
Publié le Par Patrick Béguier
En Italie, en Espagne, au Royaume-Uni, au soir des élections européennes, certains étaient en droit de lever les bras en signe de victoire. Mais en France, il ne pouvait y avoir que des satisfecit.
Pourtant, le Rassemblement national ne s'est pas privé de célébrer à grands cris sa première place et Marine Le Pen s'est empressée d'exiger un retour aux urnes pour des législatives comme si le président de la République avait pris le bouillon et se trouvait désormais dans l'incapacité de gouverner. Certes, Emmanuel Macron a perdu son pari. La République en marche arrive deuxième en étant devancée de… O,9 point. Le RN l'emporte sur le fil. Ce n'est pas un triomphe pour sa présidente. Nulle comparaison avec son ami Matteo Salvini, avec le socialiste Pedro Sanchez ou avec Nigel Farage !
En réalité, le Rassemblement national aura deux députés de moins qu'en 2014 (22 contre 24) et "l'internationale" populiste vantée sur les estrades en Italie ne changera pas le visage du Parlement européen. La poussée europhobe reste marginale. Si effectivement le score obtenu par la Ligue italienne est impressionnant, les résultats de l'extrême droite aux Pays-Bas, en Slovaquie, en Finlande, notamment, sont moins bons qu'attendus.
Le RN peut même s'estimer heureux ! C'est lui qui a récupéré les voix des "gilets jaunes" et sans cet apport, il aurait obtenu, selon les sondeurs, entre 3 et 5 points de moins. Bien sûr, LREM n'a pas de quoi parader. Elle retrouve à peine son score du premier tour de la présidentielle de 2017. On sait que les élections dites "intermédiaires" sont rarement favorables au pouvoir en place. On constate aussi que la politique menée par le gouvernement peine à convaincre la plupart de nos compatriotes. L'Acte II pourra s'enclencher, mais dans un contexte social qui restera ultrasensible. Cette élection n'a rien purgé ni apaisé au plan national. Possible renaissance ? En revanche, Emmanuel Macron a peut-être réalisé une bonne opération au niveau européen. L'ADLE-Renaissance, que les députés LREM vont intégrer, devient, avec ses 105 élus, le groupe charnière du Parlement et, de ce fait, va pouvoir exercer une influence décisive sur les alliances à venir, puisque les conservateurs du PPE et les socialistes sont les vrais perdants de ces élections. Ce duopole est terminé. Du coup, les tractations pour les présidences de commissions s'annoncent difficiles.
Emmanuel Macron pourra-t-il faire avancer ses pions et donner l'impulsion qu'il souhaite au projet européen, tel qu'il l'a défini dans son discours à la Sorbonne, en septembre 2017, et dans une tribune publiée dans des journaux des 28 pays de l'Union ? Il a une petite chance d'y parvenir sachant qu'Angela Merkel sort affaiblie du scrutin en raison d'une énorme poussée des Verts allemands. Les Verts français, eux, crient presque victoire. Ils sont pourtant loin du score de leurs voisins. Certes, avec ses 13,47% et ses 13 sièges, Yannick Jadot peut se délivrer un satisfecit, mais les préoccupations écologiques qui s'intensifient dans la société et les manifestations pour le climat qui se multiplient un peu partout dans le pays, permettaient d'espérer mieux. Patrick Béguier est journaliste et écrivain
En réalité, le Rassemblement national aura deux députés de moins qu'en 2014 (22 contre 24) et "l'internationale" populiste vantée sur les estrades en Italie ne changera pas le visage du Parlement européen. La poussée europhobe reste marginale. Si effectivement le score obtenu par la Ligue italienne est impressionnant, les résultats de l'extrême droite aux Pays-Bas, en Slovaquie, en Finlande, notamment, sont moins bons qu'attendus.
Le RN peut même s'estimer heureux ! C'est lui qui a récupéré les voix des "gilets jaunes" et sans cet apport, il aurait obtenu, selon les sondeurs, entre 3 et 5 points de moins. Bien sûr, LREM n'a pas de quoi parader. Elle retrouve à peine son score du premier tour de la présidentielle de 2017. On sait que les élections dites "intermédiaires" sont rarement favorables au pouvoir en place. On constate aussi que la politique menée par le gouvernement peine à convaincre la plupart de nos compatriotes. L'Acte II pourra s'enclencher, mais dans un contexte social qui restera ultrasensible. Cette élection n'a rien purgé ni apaisé au plan national. Possible renaissance ? En revanche, Emmanuel Macron a peut-être réalisé une bonne opération au niveau européen. L'ADLE-Renaissance, que les députés LREM vont intégrer, devient, avec ses 105 élus, le groupe charnière du Parlement et, de ce fait, va pouvoir exercer une influence décisive sur les alliances à venir, puisque les conservateurs du PPE et les socialistes sont les vrais perdants de ces élections. Ce duopole est terminé. Du coup, les tractations pour les présidences de commissions s'annoncent difficiles.
Emmanuel Macron pourra-t-il faire avancer ses pions et donner l'impulsion qu'il souhaite au projet européen, tel qu'il l'a défini dans son discours à la Sorbonne, en septembre 2017, et dans une tribune publiée dans des journaux des 28 pays de l'Union ? Il a une petite chance d'y parvenir sachant qu'Angela Merkel sort affaiblie du scrutin en raison d'une énorme poussée des Verts allemands. Les Verts français, eux, crient presque victoire. Ils sont pourtant loin du score de leurs voisins. Certes, avec ses 13,47% et ses 13 sièges, Yannick Jadot peut se délivrer un satisfecit, mais les préoccupations écologiques qui s'intensifient dans la société et les manifestations pour le climat qui se multiplient un peu partout dans le pays, permettaient d'espérer mieux. Patrick Béguier est journaliste et écrivain