Paris martyrisé
Publié le Par Patrick Béguier
Une nouvelle fois, samedi, des clients parfois peu recommandables feront leur marché à Paris.
"Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré !"
Tout le monde se souvient de la célèbre formule employée par le général de Gaulle le 25 août 1944.
Fort heureusement, nous ne sommes pas aujourd'hui dans les tourments et les désastres provoqués par une guerre.
Mais Paris souffre, Paris est outragé depuis plusieurs semaines par des manifestants qui entraînent dans leur sillage des extrémistes de droite comme de gauche, des casseurs, des voleurs. Tous viennent faire leur marché du samedi : les uns pour défendre leurs revendications fiscales et sociales (soit !), d'autres pour renverser la République, d'autres encore pour vider leur colère contre le système capitaliste, avant que, dans la soirée, des "sauvageons" ne se mettent à casser les vitrines pour s'emparer de bidules techno branchés ou de… clubs de golf !
Des marchés du samedi qui empêchent les habitants de la Capitale de faire leurs achats de Noël, d'entrer dans les magasins, d'aller… au marché pour acheter leurs fruits et légumes, ou tout simplement de se promener dans les rues et avenues joliment illuminées !
Pendant combien de temps encore les Parisiens pourront-ils accepter que la plus belle ville du monde soit l'exutoire de toutes les colères ou haines inassouvies, de toutes les frustrations sociales, de toutes les fureurs de destruction et de pillage ?
Bleu et rouge
On ne pourra pas, d'un samedi à l'autre, transformer Paris en forteresse policière. Dans ces vilains jeux du chat et de la souris, très vite on comptera des morts. Dès lors, la crise prendra une autre dimension. On fera le premier pas vers la guerre civile ! Ce que souhaitent certains !
Alors, ce sont aux Parisiennes et aux Parisiens de réagir, de descendre de leurs immeubles, d'occuper les rues, de protéger leurs artisans et commerçants. Qu'ils s'habillent aux couleurs de Paris (le bleu et le rouge) ou qu'ils confectionnent des bonnets phrygiens, eux qui, jusqu'à Versailles, ont porté la Révolution. Qu'ils fassent bloc contre ceux qui prétendent en faire une ! Pacifiquement, bien sûr. Il ne s'agit pas de porter à l'épaule les piques qui ornent encore quelques musées, mais d'aller à la rencontre de tout gilet jaune (réel ou déguisé) qui se présente, pour lui dire : "On en a marre !", "Agissez autrement !", "Ėpargnez Paris !"…
Oui, Paris doit être libéré !
Patrick Béguier
Journaliste et écrivain