Présidentielle : osons avec Macron !
Publié le Par Patrick Béguier
L'une a fait campagne contre un homme. L'autre a fait campagne pour un projet.
D'où vient le Front national ? Quelle est sa nature profonde ?
Marine Le Pen, qui s'est érigée en châtelaine du "peuple", s'est efforcée pendant des années de dissimuler son vrai visage. Voilà que le masque souriant de la dédiabolisation laisse transparaître les rides du passé pétainiste (le Vél d'Hiv), les pires traits du révisionnisme (l'éphémère président du FN, Jean-François Jalkh), et se soulève, comme mercredi soir, de brefs et inquiétants ricanements.
Que des Français, pris dans leurs colères, leurs frustrations, leurs rejets de la droite ou (et) de la gauche dites "gouvernementales" se soient précipités dans l'isoloir, au premier tour de cette élection présidentielle, pour introduire dans l'urne un bulletin Le Pen, on peut les comprendre. On doit même les respecter. Mais, dimanche, c'est un autre vote qui s'impose : la défense de la République elle-même !
Des ennemis désignés
Qui peut croire que Madame Le Pen lâchera du lest, une fois au pouvoir ! Elle a d'ores et déjà désigné ses ennemis : la presse, qui ne parvient pas à suivre sa campagne sans être insultée, parquée ou éjectée ; la justice, dont pourtant elle devra se porter garante si elle entre à l'Élysée, mais qu'elle méprise en se réfugiant derrière son immunité parlementaire alors qu'elle est mise en examen ; la gauche, avec ses fondements humanistes, sa générosité qui passe les frontières, son aspiration à l'universel, valeur profonde, inaliénable, de la France. Jean-Luc Mélenchon l'a oublié en tapouillant sur sa calculette pour estimer son contingent de futurs élus aux législatives. Le tribun s'est caché sous l'estrade.
Qui peut croire que Madame Le Pen se retirera si elle est désavouée lors de son fameux référendum sur l'euro ! Elle trouvera un biais pour rester à l'Élysée. Un parti extrémiste qui arrive au pouvoir ne le lâche pas. Il faut le renverser ! Au prix des larmes et parfois, hélas, du sang.
Qui n'a pas été consterné par les retournements de veste de la candidate après l'accord conclu avec Dupont-Aignan. Ils montrent qu'elle n'a aucune parole ni aucune solidité : la "monnaie commune" ("freuro" ou "euranc" ?) est une imposture, la retraite à 60 ans est reportée à… on ne sait plus trop ! Le programme économique de Marine Le Pen est devenu illisible. Il était déjà inapplicable sauf à se lancer dans le vide.
C'est pourquoi elle a choisi d'être dans la caricature. Ce sont toujours les mêmes phrases qui reviennent : le "banquier" (comme si c'était une insulte !), le "mondialiste"… La meilleure façon, pense-t-elle, de faire oublier qu'elle nous prépare une ligne Maginot, dont l'Histoire nous a montré l'efficacité.
Le besoin d'audace
Il n'y a donc pas à hésiter !
Il faut voter Macron dimanche prochain.
Certes, il est jeune, il a pris un pari. Mais que de chemin parcouru en un an ! La fortune (sans jeu de mots !) sourit aux audacieux et la France a besoin d'audace. Pendant trop d'années, le personnel politique en place s'est gonflé de belles promesses électorales pour, au mieux, les réduire à des demi-mesures, au pire, les oublier, voire carrément les trahir.
Le programme d'Emmanuel Macron est critiquable comme toute projection dans l'avenir, mais il a le mérite d'être novateur, de créer une rupture : retrouver notre esprit de conquête, dans une Europe refondée, tout en protégeant les plus faibles. L'homme lui-même veut se défaire du jeu pervers des partis traditionnels qui pensaient que l'alternance droite-gauche, gauche-droite était inscrite dans la Constitution de la Vème République. Le premier tour a montré que c'était faux.
Oui, osons ! Osons avec Macron !
Patrick Béguier est journaliste et écrivain.
Il est le responsable éditorial
de Paris Dépêches.
de Paris Dépêches.