Présidentielle : Nicolas Sarkozy opte pour le modèle Bush.
Publié le Par Jennifer Declémy
Après avoir annoncé beaucoup plus tôt que prévu sa candidature, Nicolas Sarkozy adopte un modèle bien particulier pour gagner.
On pensait qu’il allait adopter le style Mitterrand, avec une déclaration tardive de candidature et une posture de père protecteur de la nation, comme l’ancien président socialiste en 1988. D’ailleurs sur la forme, comme Mitterrand il s’annonça candidat à la télévision, après une question posée par la présentatrice. Mais toute comparaison s’arrête là.
Cela fait un an environ que le chef de l’état examine avec attention l’histoire des présidents qui se sont présentés à leur succession, et surtout ceux qui, comme lui, étaient donnés perdants. Dans l’histoire de la Cinquième République, seul Valéry Giscard d’Estaing se rapproche de son cas de figure, mais l’ancien UDF n’a jamais atteint les records d’impopularité de l’actuel Président, et surtout, jusqu’en fin janvier, il était donné gagnant face à François Mitterrand qui remporta l’Elysée à pas grand-chose.
Cherche de ce côté-là était donc hasardeux, malgré les nombreuses ressemblances qui émaillent leurs présidences. Le président sortant a donc été voir ailleurs, dans un pays qu’il admire et adore, et a trouvé l’exemple d’un chef de l’état qu’il a déjà eu l’occasion de rencontrer et qu’il avait en grande estime, contrairement à une majorité de français. La campagne Sarkozy version 2012 sera un remake de l’élection Bush 2004.
Comme le président français, l’américain était en 2004 dans une mauvaise posture et battait des records d’impopularité. Cependant, avec l’aide de son conseiller spécial Karl Rove, il a déplacé la campagne sur des enjeux sociétaux et nationaux, en affirmant sa nette opposition au mariage gay et à l’avortement, mais aussi en se posant comme le seul homme capable de défendre les Etats-Unis face à la menace terroriste. Un virage à droite toute qui rappelle singulièrement celui que Nicolas Sarkozy est en train d’effectuer.
La campagne américaine 2004 fut d’une dureté incroyable, reposant sur des bases extrêmement populistes et qui s’appuya sur les attaques de 2001 pour faire oublier un très mauvais bilan économique et social. De plus, Georges W Bush et son équipe travaillèrent à totalement déconstruire l’adversaire démocrate John Kerry, en le présentant comme un homme lâche, un menteur et un faible. La campagne Sarkozy version 2012 est identique en tous ces points. Même le conseiller Karl Rove peut être vu comme un Patrick Buisson à l’américaine.
On connait l’atlantisme prononcé de notre président actuel, et on se souvient qu’à l’été 2007, il alla passer quelques jours de vacances avec le président Bush. Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy a donc décidé de se détourner des modèles français ou allemands pour adopter la posture d’un président qu’il a beaucoup apprécié. Cependant, les français ne ressemblent en rien aux américains. Pas sûr que ce genre de stratégie fonctionne sur eux.