Bientôt l'heure des règlements de comptes
Publié le Par Fabrice Bluszez
Dimanche soir seront annoncés les premiers résultats de l'élection présidentielle. Lundi, dans les partis politiques, ce sera l'heure des règlements de comptes.
Qui a gagné, qui a perdu ? Ce samedi 22 avril, difficile de jouer les voyantes cartomanciennes au sujet de l'élection présidentielle française. Cependant, la campagne elle-même a déjà produit des effets, que l'annonce des résultats devrait amplifier.
L'abandon de François Hollande, qui se retirerait en Corrèze en fera une voix qui compte. Depuis le décès de François Mitterrand, il n'y a pas eu d'ex-président socialiste... Officiellement, il n'a pas été désavoué en tentant une réélection, comme le fut Nicolas Sarkozy. Il n'a pas renoncé à la vie politique comme le fit Lionel Jospin. Les sondages cruels passeront, sans doute...
Benoît Hamon, en revanche, a du souci à se faire. La mayonnaise n'a pas pris et il n'est pas en position de mettre la main sur le Parti. Alors qui ? Valls, désavoué à la primaire ? Plus on approche de 5% des voix, plus il sera difficile aux anciens députés et aux anciens ténors du PS de rebondir...
C'est le seul parti à peu près en ordre de marche. Tout le monde ayant apporté un soutien, même vague, même de loin, du bout des lèvres, au candidat François Fillon. Qu'il gagne ou qu'il perde, la bataille des législatives remettra en selle ses principaux leaders. Avec ou sans lui. Pour une majorité à l'Assemblée derrière lui ou pour imposer, comme une deuxième chance, une cohabitation.
Ce rassemblement, issu du Front de gauche et du Parti communiste, a déjà deux fois à trois fois plus d'électeurs que le Parti socialiste. De ce point de vue, il a donc déjà gagné. Mais il a peu d'élus et s'il est devenu la "grande voix de la gauche", Jean-Luc Mélenchon devra pour peser ensuite disposer d'un groupe à l'Assemblée nationale. Le Parti communiste n'acceptera pas son extinction ou sa dilution dans un autre parti... Il a encore une faible assise locale mais ces élus-là ne lâcheront pas. Le Front de gauche, une fédération, devrait être la solution. Il y aura nécessité d'organiser cela pour les cinq ans à venir.
Qu'elle gagne ou perde l'élection présidentielle, Marine Le Pen a au moins rappelé, après Ségolène Royal, qu'une femme (même "fille de...") pouvait être candidate à la présidentielle et en situation de l'emporter. Au-delà de cette constatation, le Front national devra se maintenir partout pour espérer peser sur le scrutin des législatives. Parti de rien, il ne peut qu'accroître le nombre de ses députés. Jusqu'à 60, 80, plus que le Parti socialiste ? Ces voix-là se feront entendre à l'Assemblée et pèseront sur la nouvelle majorité. Un Français sur 4 ou un français sur 5 à la présidentielle, représentés ensuite par un député sur 10... On n'a pas fini d'entendre le discours sur l'élection volée, le mode de scrutin de la Ve République accroissant mathématiquement la victoire du parti ou de la coalition majoritaire. Au fil du temps, les électeurs se lasseront-ils ? Déjà, à droite, des petits groupes prennent corps.
C'est l'inconnue de la recomposition du paysage politique français. Ou le candidat Emmanuel Macron devient Président et il aura des députés, un parti pour le soutenir. Ou il échoue et l'expérience risque de tourner court dès les législatives. "Aut caesar, aut nihil". Ou bien césar, ou bien rien... On n'imagine pas ce parti sans son leader... Il n'y a pas actuellement de personnalité de remplacement.
Sur le même sujet, un article de Libération.
Le montage photo est signé Guillaume Titus-Carmel, auteur de "Croisons-les" (lien vers la page Facebook). Lire ici un article à son sujet sur le Huffington Post.