La France n'a pas livré le Mistral à la Russie
Publié le Par Raphaël Didio
La France a finalement décidé de ne pas livrer comme convenu le Mistral à la Russie à cause de la crise ukrainienne. Un ultimatum a été lancé par Moscou et laisse à Paris jusqu’à fin novembre pour livrer le navire.
Le ton monte entre Paris et Moscou. Alors que les autorités russes insistaient depuis plusieurs semaines pour que la France tienne ses engagements et leur livre le Mistral mercredi, la transaction n’a finalement pas eu lieu. La Russie a donc lancé un ultimatum au gouvernement français et lui laisse jusqu’à fin novembre pour remettre un premier navire militaire si il ne souhaite pas s’exposer à de « sérieuses demandes de compensation » d’après une source russe « haut placée » citée vendredi par l’agence Ria Novosti.
Vendus pour 1,2 milliards d’euros à la Russie sous le mandat de Nicolas Sarkozy en juin 2011, ces bâtiments de projection et de commandement se retrouvent dorénavant au cœur d’un imbroglio diplomatico-militaire. En effet, le président François Hollande avait décidé de suspendre leur livraison au règlement politique de la crise ukrainienne. Moscou avait affirmé fin octobre avoir été invité à recevoir le premier de ces navires le 14 novembre à Saint-Nazaire. Une annonce qui avait toutefois été démentie par le constructeur, le groupe DCNS (chantier navals) et le gouvernement français. Mercredi, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a réaffirmé qu'« aucune date de livraison » d'un navire Mistral à la Russie « ne peut être fixée à ce stade ».
L’opposition monte au créneau
Cela a valu à l’opposition de critiquer ouvertement le gouvernement hollande. Le député UMP des Yvelines Henri Guaino a jugé que puisque « la France a pris des engagements, a signé des contrats. Il est normal qu'elle livre ». « Si elle ne respecte pas sa parole sur ce marché, que vont en penser tous les autres ? Que vaudra la parole de la France ? », estimant qu'un renoncement coûterait « très, très cher » à la France, notamment « en matière de crédibilité ». Même son de cloche chez le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, qui a appelé François Hollande « à revenir sur sa position ». « Cet acte irresponsable décrédibilise fortement notre pays sur la scène mondiale », a-t-il jugé, dénonçant l'«alignement permanent du gouvernement socialiste sur les positions américaines et allemandes ».
Le président reste malgré tout soutenu par son parti, le PS. Jean-Christophe Cambadélis a soutenu la position du gouvernement et a même interpellé directement le président russe Vladimir Poutine sur Europe 1 :« Ce n'est pas comme cela que ça marche, M. Poutine, la France est un pays indépendant qui décide ce qu'elle fait de la livraison ou pas des Mistral. Si il y a une avancée démocratique et une paix en Ukraine, on peut voir ». Les deux présidents se rencontreront lors du sommet du G20 qui s’ouvrira samedi à Brisbane. Nul doute qu’ils s’épancheront sur la question.