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Conférence sociale : la CGT et FO boycotteront la seconde journée

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

Crédit image © Claude Huré / Medef - flickr


La troisième conférence sociale depuis la victoire de François Hollande devait permettre de rouvrir le dialogue social. La menace de boycott du Medef, le recul de Manuel Valls sur le compte pénibilité et le boycott de la seconde journée par la CGT et FO ont surtout montré l’extrême tension entre syndicats et patronat.

C’est un coup dur pour François Hollande. Le président de la République, qui avait fait de la conférence sociale son arme pour mener les réformes, doit faire face à de fortes tensions entre les syndicats, le patronat et son gouvernement. Cette troisième conférence sociale depuis le début du quinquennat s’annonce particulièrement difficile alors que la semaine précédente a été marquée par des positions particulièrement divergentes entre les participants, et alors qu’elle devait permettre d’entériner le pacte de responsabilité pour lutter contre le chômage et relancer la compétitivité des entreprises.

Un patronat soulagé mais prudent

La semaine dernière, les organisations patronales n’étaient pas encore certaines de participer à la réunion. Loin de là. Pierre Gattaz, le patron du Medef, avait menacé de boycotter le rendez-vous si le gouvernement ne revenait pas sur certaines mesures jugées trop nombreuses et trop contraignantes pour les entreprises. En ligne de mire notamment : le compte pénibilité qui devait s’appliquer totalement dès le 1er janvier 2015.
 

A la surprise générale, et alors que François Rebsamen avait critiqué la position du patronat, le premier ministre Manuel Valls a annoncé plusieurs mesures pour calmer les ardeurs des patrons, parmi lesquels le report partiel du compte pénibilité. Le chef du gouvernement a également demandé aux partenaires sociaux d’engager des discussions pour « simplifier le code du travail ». Une demande qui a au moins permis de rassurer Pierre Gattaz et les autres leaders des organisations patronales, qui, depuis, n’ont plus parlé de boycott. Pour autant, le patronat, Medef et Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) en tête, ont bien l’intention de combattre les propositions de lois « antiéconomiques, avec toujours plus de contraintes, de fiscalité » pour les entreprises.

Boycott de la CGT et FO

Reste que ces annonces ont provoqué la colère des syndicats. Même la CFDT réformiste de Laurent Berger, a trouvé « inacceptable » que « le premier ministre cède à l’ultimatum du Medef ». Pour autant, Laurent Berger, l’un des seuls syndicats à défendre le pacte de responsabilité du gouvernement, sera bien de la conférence. « Je vais à cette conférence d’abord pour dire que nous ne sommes pas contents de ce report partiel du compte pénibilité » assurait-il sur France Inter.
 

Deux syndicats, la CGT et FO ont décidé ce matin de ne pas participer au deuxième jour de la conférence sociale. Si leurs leaders respectifs – Thierry Lepaon et Jean-Claude Mailly – rencontreront bien le président à huis clos et assisteront à son discours au palais d’Iéna, ils n’iront pas à la table des négociations le lendemain. Ces deux syndicats ont toujours fait part de leur hostilité contre le « pacte d’austérité », mais le recul du gouvernement face au « chantage » du patronat a fini de convaincre la CGT et FO de ne pas participer aux sept tables rondes organisées par le gouvernement mardi 8 juillet.

Accusations réciproques

De son côté le gouvernement tente de calmer le jeu. Le ministre du Travail François Rebasemen avait dit ne pas croire au boycott des syndicats car « ces tables rondes, nous les avons montées avec eux. Leur place est là », quitte parfois à changer du discours habituel des socialistes. « S’il faut appeler cela une politique de l’offre, et bien appelons-la ainsi », expliquait Manuel Valls qui ne semblait pas ému de voir la réforme « créer des déséquilibres, venir perturber des habitudes, des acquis ».
 

Le Parti socialiste en revanche n’est pas tendre avec le représentant des patrons. Jean-Christophe Cambadélis estimait sur France Info que « c’est l’attitude du Medef qui, mois après mois, jour après jour, veut, nous semble-t-il, démolir tout ce qui peut construire le dialogue social ». Pour le chef de file du PS, « c’est toujours pareil, le Medef est dans la surenchère et à partir de là les partenaires sociaux ne voient que cette surenchère et pas la négociation ».
 

Pratiquement au même moment, Jean-François Roubaud, le président de la CGPME exprimait sur Europe 1 sa colère face à l’attitude de la CGT. « Ils nous accusent de refuser le dialogue social et dans le même temps, ils bloquent la France avec les grèves de la SNCF, ils bloquent les relations entre la Corse et le continent à la SNCM… On n’en peut plus. Ce n’est pas du dialogue social, c’est du blocage. Ras-le-bol de la CGT », a-t-il lâché occultant un peu vite qu’il avait lui-même menacé de boycotter la conférence sociale aux côtés du Medef.
 

A quelques heures du début des tables rondes visant à tracer la voie des réformes, le dialogue social voulu par le gouvernement semble rompu. Syndicats et patronat semblent même avoir pris des routes parfaitement opposées.