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Conférence sociale : le report du compte pénibilité pour satisfaire le Medef agace les syndicats

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

Crédit image © Parti socialiste - flickr


Le compte pénibilité devait entrer en vigueur au 1er janvier 2015. Face aux menaces de boycott de la conférence sociale par le Medef, Manuel Valls a décidé d’un report partiel de cette mesure. La CGT et la CFDT dénoncent un recul du premier ministre face aux organisations patronales.

C’est en quelque sorte le jeu du tire à la corde. Si l’un des camps gagne un mètre, l’autre en perd forcément autant. Dans une interview aux Echos mardi 1er juillet, le premier ministre a annoncé son désir de reporter partiellement le compte pénibilité prévu initialement au 1er janvier 2015. Cette mesure doit permettre à chaque salarié du secteur privé de bénéficier de points en fonction du temps passé dans une situation de pénibilité dès lors qu’il est exposé à des conditions de travail réduisant son espérance de vie. Ces points accumulés lui permettront de se former, de travailler à temps partiel ou de partir plus tôt à la retraite.
 

Sensé s’appliquer à tous les salariés du secteur privé dès le 1er janvier 2015, le compte pénibilité ne concernera finalement cette année-là que 4 facteurs sur les 10 initialement prévus : travail de nuit, travail répétitif, travail posté et travail en milieu hyperbare (là où la pression est supérieure à la pression atmosphérique), concernant ainsi seulement 1 million de salariés. Les autres facteurs, comme les postures pénibles ou le port de charges lourdes, devront s’appliquer en 2016. En outre, le premier ministre a demandé aux partenaires sociaux d’engager des discussions pour « simplifier le code du travail ».

Les entrepreneurs satisfaits

En revenant notamment sur l’application du compte pénibilité, Manuel Valls répond aux inquiétudes du Medef sur le sujet. Son président Pierre Gattaz, ainsi que les autres organisations patronales, avait même menacé de boycotter la conférence sociale qui doit se tenir les 7 et 8 juillet prochain entre le gouvernement, les syndicats et le patronat. Les organisations patronales diront, vendredi 4 juillet, s’il participe ou non à cette conférence. Quoi qu’il en soit, Pierre Gattaz se dit satisfait des annonces de Manuel Valls.

 

Un discours encourageant de @manuelvalls : des avancées à regarder ! http://t.co/zKwI8nMYLp via @LesEchos

— Pierre Gattaz (@PierreGattaz) 1 Juillet 2014

 

Interrogé par le Parisien, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB) Jacques Chanut s’est également félicité de « cette véritable avancée » du premier ministre.

La CFDT dénonce une "rupture du dialogue social"

La pilule ne passe pas en revanche du côté des syndicats. Dans une interview au Monde, le secrétaire général de la CFDT trouve que le report est « inacceptable ». Il considère ainsi que « le premier ministre a cédé à l’ultimatum du Medef qui n’accepte pas qu’on crée des droits pour les salariés ». Or « à quatre jours de la conférence sociale, répondre à une menace du patronat, cela n’entre pas dans la conception de la démocratie sociale qu’à la CFDT ». Le représentant du syndicat, pourtant réformiste et considéré comme un allié du gouvernement, considère que « le premier ministre fait une erreur ».

La CGT "scandalisée"

Du côté de la CGT, le négociateur Eric Aubin se dit « scandalisé » sur LCI par « le nouveau recul du gouvernement face à un patronat qui ne cesse de demander des gages ». Pour lui, le premier ministre « se couche devant le patronat ». La CGT, qui n’a jamais défendu le compte pénibilité du gouvernement, jugé « insuffisant » a également réagi sur le site du journal l’Humanité à propos des décrets pénibilité. Regrettant que « encore une fois, le Medef a pesé de tout son poids pour imposer des dispositifs a minima », le syndicat indique qu’il « formulera un avis négatif sur les projets de décrets qui vont être examinés ces prochains jours ». Enfin, la CGT ajoute que « lorsque les salariés en sauront davantage sur la réalité du dispositif, la déception sera au rendez-vous ».