Chômage des seniors : François Rebsamen a un plan
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Pour lutter contre le chômage des seniors, qui ne cesse d’augmenter, le ministre du travail envisage de renforcer des mesures déjà existantes, notamment les contrats de génération qui ne connaissent pas le succès espéré par François Hollande.
Le chiffre est alarmant : +11,6% de chômeurs âgés de plus de 57 ans en un an. En avril, ils étaient plus de 774 000 à être inscrit chez Pôle emploi. Une donnée qui contraste avec la réussite du gouvernement concernant la lutte contre le chômage des jeunes (-3,8% sur la même année). Désormais celle contre le chômage des seniors est devenue le « nouveau combat » de François Rebsamen. Le ministre du Travail a dévoilé lundi un plan pour l’emploi des seniors, salué par le Parti socialiste. « Il fallait un engagement supplémentaire », commentait François Kalfon, le secrétaire national au travail et à l’emploi du PS.
Sur ce point, François Rebsamen veut que cela aille vite. Il « espère » une « stabilisation » du chômage des seniors « d’ici 6 mois », a-t-il déclaré à l’AFP. Pour cela, l’ancien maire de Dijon a précisé le renforcement de plusieurs mesures déjà mises en œuvre par le gouvernement, financées par « un redéploiement et une meilleure utilisation des enveloppes existantes ».
Contrats de générationsLa prime du contrat de génération n’a pas été aussi efficace que prévue. Sur les 75 000 contrats sur un an qu’espérait le gouvernement, seuls 29 000 ont finalement vu le jour depuis mars 2013. Le dispositif, qui consiste pour les entreprises de moins de 300 salariés à toucher 4 000 euros d’aides de l’Etat pour le maintien en activité d’un sénior (2 000 euros) associé au recrutement en CDI d’un jeune de moins de 26 ans (2 000 euros), devrait être amélioré. L’employeur pourrait désormais bénéficier d’une prime doublée pour le maintien d’un sénior. Au total, une entreprise souscrivant à un contrat de génération pourrait donc bénéficier de 6 000 euros d’aides de l’Etat. Cette nouvelle formule sera bientôt proposée aux partenaires sociaux.
Accompagnement renforcéAutre piste envisagée par le ministre : élargir l’accompagnement renforcé par Pôle emploi auprès de chômeurs de longue durée d’ici la fin de l’année. Les seniors sont en effet particulièrement concernés par le chômage de longue durée. Actuellement, 250 000 chômeurs « éloignés du marché de l’emploi » bénéficient d’un « suivi personnalisé » et d’un « accès facilité aux prestations ». Ils pourraient être 80 000 chômeurs supplémentaires à en profiter d’ici 2015. « Cela se fera par un redéploiement des agents de Pôle emploi, a précisé le ministre, on en a beaucoup parlé avec eux, ils peuvent le faire, ils vont le faire ».
AlternanceComme l’avait déjà évoqué François Hollande fin avril, le gouvernement pourrait ouvrir l’alternance aux plus âgés, en adaptant le contrat de professionnalisation. En 2012, seuls 2,6% de ce type de contrats concernaient des personnes de plus de 45 ans. « Il ne s’agit pas de créer un nouveau contrat spécifique », insiste le ministre du Travail. L’idée est « d’adapter le contrat de professionnalisation existant aux caractéristiques des demandeurs d’emploi seniors, en améliorant la rémunération et en définissant des formations adaptées ».
Contrats aidés et formations
Enfin, François Rebsamen souhaite mieux cibler les bénéficiaires des contrats aidés du secteur marchand. Les seniors et les chômeurs de très longue durée (plus de 3 ans) seraient ainsi prioritaires. « L’idée est de doubler le pourcentage réservé aux séniors », espère le ministre. Actuellement, près de 25% des plus de 50 ans en bénéficient.
Même chose du côté des formations prioritaires qui permettent d’orienter les chômeurs vers des secteurs qui ont besoin de main d’œuvre. Le gouvernement veut augmenter la part des séniors dans le plan, déjà prévu, de 100 000 formations prioritaires.
Les entreprises pourraient également être mises à contribution en développant les partenariats avec Pôle emploi sur l’immersion de chômeurs en entreprise. François Rebsamen souhaite « mobiliser 1 500 entreprises » et ainsi réaliser 5 000 immersions par an, favorisant un retour à l’emploi.
Toutes ces propositions seront débattues et négociées avec les partenaires sociaux lors de la conférence sociale des 7 et 8 juillet à l’issue duquel le plan de lutte contre le chômage des seniors sera « définitivement arrêté ».