Présidentielle : Jean-Luc Mélenchon peut-il rejoindre le club des quatre ?
Publié le Par Jennifer Declémy
Percée dans les sondages, percée médiatique, succès de son meeting à Nantes et contexte optimal : Jean-Luc Mélenchon peut-il créer la surprise durant cette élection présidentielle ? Oui, mais à certaines conditions
Il les appelle les « Dalton de l’austérité » mais il ne fait nul doute aujourd’hui que le leader et candidat du Front de Gauche aspire à s’immiscer dans ce club, à venir jouer lui aussi dans la cour des grands, lui qui connait depuis une petite semaine un regain certain dans sa campagne présidentielle.
En effet depuis quelques jours le candidat Mélenchon observe avec gourmandise les sondages qui frétillent à son égard. Il a gagné dernièrement 1,5 point dans les sondages, et se situe donc aujourd’hui à 7,5% d’intentions de vote, tandis que dans un sondage portant sur les côtes de popularité des hommes politiques, il gagne 7 points d’un coup et monte à 37%. Et le directeur du département Opinion de l’IFOP, Frédéric Dabi, confirme la dynamique en faveur de l’ancien sénateur socialiste. Selon ce spécialiste, si Jean-Luc Mélenchon continue sur cette lancée, et réussit à cumuler certaines conditions, il pourrait créer la surprise.
Alors à quoi est due cette percée qui semblerait presque soudaine ? Une médiatisation accrue tout d’abord, avec l’excellent score de son passage à l’émission Des paroles et des actes jeudi dernier, où il a réussi à faire mieux qu’Alain Juppé et Jean-François Copé. Désormais les français sont familiarisés à ce visage de gauche, ils savent dire qui il est et surtout ce qu’il propose. Et c’est peut-être ça justement qui joue en sa faveur, car la force de Jean-Luc Mélenchon est peut-être de proposer un programme différent, dénonçant le système financier actuel et les agences de notation. Dans un contexte où les électeurs ressentent amèrement le libéralisme, la spéculation, les banques ou les agences de notation, le candidat espère engranger des points quand il manifeste devant les sièges français des agences ou quand il appelle à un renversement du système, mais en toute légalité et en restant dans le cadre européen.
Un autre élément qui joue en sa faveur est l’absence des candidats traditionnels de l’extrême-gauche. Alors qu’Arlette Laguiller et Olivier Besancenot avaient réussi à s’imposer dans l’opinion publique, et pouvaient donc récolter des scores non négligeables, leurs deux successeurs eux peinent à se médiatiser et leur présence au premier tour de l’élection n’est même pas encore garanti. Jean-Luc Mélenchon peut donc rassembler derrière lui les électeurs d’obédience profondément gauchiste.
C’est donc une dynamique en sa faveur qui est en train de s’installer dans l’opinion, mais l’ancien socialiste n’est pas en peine s’il veut réellement s’immiscer dans ce « club des quatre ». Il doit encore cimenter derrière lui son électorat qui pourrait malgré tout être tenté par le vote utile, tout en tentant de séduire la classe populaire parti voir du côté de Marine Le Pen et en essayant de déborder de son électorat traditionnel pour séduire d’autres tranches de la population. Cependant, son premier objectif, et qui ne semble pas irréalisable, est de dépasser les 10%, pour pouvoir ainsi peser sur les résultats de François Hollande et pouvoir l’influencer. De plus, en accédant à un tel score, Jean-Luc Mélenchon pourrait légitimer son départ du Parti Socialiste, et prouver qu’il existe une gauche plus forte que celle des socialistes, mais moins extrême que le NPA ou LO et prêt à siéger dans un Gouvernement.
Si Jean-Luc Mélenchon réussit son pari, il pourra prouver à François Hollande que l’alliance n’est pas à chercher du côté centriste, mais plus sur sa gauche. Une recomposition de la gauche qui ne serait pas sans saveur.