Scandale IGS : la police des polices au coeur d'une affaire d'état
Publié le Par Jennifer Declémy
Une future affaire d'état, c'est ce que menacent d'être les révélations faites hier sur la "police des polices" qui aurait délibérément incriminé des fonctionnaires de police pour des motifs purement politiques
La révélation a fait l'effet d'une bombe hier. Révélée par le quotidien le Monde, elle secoue depuis lors le monde politico-médiatique et menace d'avoir de très sérieuses conséquences sur l'élection présidentielle à venir, si jamais elle venait à prendre de l'ampleur. L'affaire ? L'IGS, autrement surnommée "police des police" est soupçonnée d'avoir monté de toute pièce une machination à l'encontre de cinq fonctionnaires de police, jugés trop éloignés du pouvoir, pour les mettre en cause dans une affaire judiciaire qui serait complètement truquée.
Si les faits sont avérés, les auteurs pourraient alors être poursuivis pour "faux en écriture publique" (crime passible de la cour d'assises).
Cinq fonctionnaires avaient été suspendus à l'époque, sur accusation d'être mêlé à un trafic de titres de séjour, dont Yannick Blanc, à l'époque conseiller de Ségolène Royal sur les questions d'immigration. Relaxés en janvier 2011 par la Cour d'Appel de Paris, c'est aujourd'hui sur l'IGS que portent les enquêtes, six lancées en tout, pour déterminer si un "chantier" a été dressé contre ces fonctionnaires, pour des motifs purement politiques. Ces mêmes fonctionnaires ont d'ailleurs porté plainte contre l'IGS, et accusent clairement cette dernière d'avoir formenté cette manipulation.
Le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, un proche de Nicolas Sarkozy, a déjà été interrogé en décembre dernier mais réfute toute mise en cause dans cette histoire, alors que le ministre de l'intérieur Claude Guéant affirme que les révélations du journal se fondent sur des "informations tronquées" et "des pièces de justice partielles". L'opposition socialiste pourtant demande des explications et profite de cette opportunité pour dénoncer à nouveau les affaires et "casseroles" qui entourent la sarkozie. Pour le président candidat, l'affaire n'aurait pas pu tomber à un pire moment.