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Propreté : Paris veut mieux gérer ses déchets

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

Crédit image © flickr - Béatrice Faveur


Un plan de renforcement de la propreté a été présenté par la municipalité au Conseil de Paris du 16 février. Il doit notamment permettre d’améliorer la collecte sélective des déchets et leur recyclage dans une ville en retard dans ce domaine.

La propreté est l’affaire de tous.  Mais « il revient à la Ville d’en assurer le service et de fournir aux citoyens les moyens de préserver l’espace public », rappelle Anne Hidalgo. Dans cette optique, la ville de Paris va renforcer les dispositifs pour garder une ville propre et améliorer le tri des déchets. Le plan de renforcement de la propreté a été présenté par Mao Peninou, adjoint à la maire chargé de la propreté et du traitement des déchets, devant le Conseil de Paris le 16 février.

1 déchet = 1 ressource

La mesure phare de ce plan de renforcement de la propreté repose sur la collecte, le tri et le recyclage des déchets. La mairie envisage même de devenir un modèle en la matière. Pourtant, Paris est loin d’être un bon élève.  Dans une enquête publiée en novembre 2015, la Commission européenne comparait l’état de la collecte sélective des déchets dans les 28 capitales européennes. Paris se classait parmi les moins performantes, rappelle Le Monde. Un mauvais bilan que ne nie pas la mairie. Actuellement :
 

Seuls 16% des déchets collectés sont recyclés ;
  80% sont incinérés ;
  4% sont enfouis en décharge ;
  Le verre est le seul matériau majoritairement recyclé (à 65%).


Dans Le Monde, Mao Peninou a annoncé les ambitions de la municipalité :
 

« L’objectif est de ramener le plus vite possible, d’ici la fin de la mandature, la mise en décharge ou en incinérateur en dessous de 50% de la collecte des déchets. Et d’être à 20% d’ici une quinzaine d’années. »


Pour atteindre sa stratégie au nom un peu présomptueux de « zéro déchet », la ville vise les « biodéchets », ceux d’origine végétale ou animale comme les épluchures ou les restes de repas et qui « peuvent être valorisés en biogaz ou en compost pour le jardinage et l’agriculture », explique l’adjoint d’Anne Hidalgo. Ils représenteraient près d’un tiers des ordures ménagères.
 

Ainsi, une poubelle de tri destinée à ces biodéchets et dont la couleur reste à définir, s’ajoutera à la verte du tout-venant, la jaune des matériaux recyclables et la blanche du verre. Des « bio-seaux » seront distribués à chaque logement. D’abord dans les 2ème et 12ème arrondissements dès cette année, en guise d’expérimentation. Le contenu des nouvelles poubelles pourraient servir aux agriculteurs d’Ile-de-France, avec qui la mairie souhaite collaborer.

Extension du service public

La mairie souhaite également renforcer les dispositifs déjà en place pour améliorer la propreté des rues de Paris. Actuellement :
 

6 800 agents sont employés au Service Technique de la Propreté de Paris dont 4 900 éboueurs, 690 conducteurs et 900 encadrants de proximité ;
  500 millions d’euros de budget sont consacrés chaque année à la propreté et à la gestion des déchets.
 

Le nouveau plan prévoit notamment d’augmenter les nettoyages des rues en après-midi et en soirée, en plus du grand nettoyage effectué tous les matins, grâce à une hausse des effectifs et à la mécanisation des tâches. Ainsi, 100 postes devraient être créés dès 2016 et le processus de recrutement devrait se poursuivre l’année suivante.


Côté investissement, 15 millions d’euros ont été débloqué dans le budget 2016 pour l’achat de nouveaux outils de travail destinés à améliorer l’efficacité des agents d’entretien et diminuer la pénibilité de leurs tâches. Enfin, les mairies d’arrondissement se verront déléguer une enveloppe budgétaire dédié à la propreté et les compétences des maires d’arrondissement seront élargies dans ce domaine si la réforme du statut de Paris est voté par le Parlement.

Les Parisiens mis à contribution

L’état des rues de Paris est largement dû aux incivilités de ses habitants et des visiteurs de la capitale. Pour les inciter à devenir plus propres, la ville a déjà déployé :
 

30 000 poubelles avec éteignoirs soit une tous les 100m ;
  400 sanisettes dans toute la ville dont certaines accessibles 24h/24 ;
  Une application, DansMaRue, permet de signaler des espaces sales : depuis son lancement en 2013, plus de 120 400 signalements y ont été enregistrés et 80% d’entre eux ont été pris en charge par les services de la Ville ;
  Une campagne de réduction des déchets : entre 2000 et 2014, le nombre de déchets est passé de 587 kg/Parisien à 483 kg en 2014.
 

Pour poursuivre dans cette voie, la ville envisage de distribuer 125 000 cendriers de poche début 2016 en partenariat avec la SNCF, la RATP, les buralistes et le CROUS. Cette année, 50 sanisettes supplémentaires seront créées et 150 de plus seront ouvertes toute la nuit. De nouveaux espaces de tri, appelés « Trilib' », vont être testés dans 5 arrondissements de la ville (2ème, 4ème, 13ème, 18ème et 19ème) avant d’être étendus dans tout Paris. Enfin, d’ici 2020, 10 nouvelles déchetteries ouvriront leurs portes et chaque arrondissement sera doté d’une ressourcerie.
 

        Le prototype " Trilib' " exosé devant l'Hôtel de Ville de Paris. ©Eco-Emballages


Des opérations de sensibilisation se poursuivront dans les écoles parisiennes – 400 animations se s’y sont tenues en 2014 – et l’opération de nettoyage participatif « Paris fais-toi belle » sera renouvelée le 4 juin 2016 puis plus régulièrement au niveau local.
 

Côté répressif, la mairie souhaite créer « une brigade renforcée chargée de la verbalisation de toutes les incivilités ». En 2014, 25 000 PV ont été dressés pour des épanchements d’urines ou pour des déjections canines. Entre le 1er octobre 2015 et le 13 janvier 2016, 700 PV ont également été « distribuées » pour jet de mégot. A ce rythme-là et sur une année complète, ces amendes pourraient rapporter plus d’1,8 million d’euros. De quoi financer une partie du plan de renforcement de la propreté.