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Johnny Hallyday serait mort

Publié le  Par Fabrice Bluszez

Crédit image © (vue d'artiste)


Plusieurs sites Internet et chaînes de télévision annoncent ce mercredi 6 décembre la mort du chanteur Johnny Hallyday.

Johnny Hallyday serait mort. On se souvient qu'il n'y a pas si longtemps, à partir du 20 septembre 1960, il était sur la scène de l'Alhambra de Paris, pour trois semaines. Le "prince du rock'n'roll", (ainsi est-il nommé sur le programme), passait en "vedette américaine" -on ne saurait mieux dire- de l'humoriste Raymond Devos. Johnny Hallyday y a chanté cinq chansons, s'est roulé par terre en jouant de la guitare et a obtenu ce qu'il était venu chercher : un triomphe et un scandale. Si, au balcon, la jeunesse a paru enthousiasmée par sa prestation et l'a fait bruyamment savoir, en revanche, les aînés, au parterre, se sont indignés et ont huént ce nouveau "fou chantant". Le scandale a été tel que la direction envisageait de supprimer Johnny du programme. Caprice de star sans doute, l'immense Raymond Devos s'y est opposé et a menacé de partir si on le renvoyait. Johnny Hallyday est donc allé jusqu'au bout de son engagement.

 

Un concert suivi de dégradations à Nation

 

Un autre événement notable : le 22 juin 1963, pour le premier anniversaire du magazine Salut les copains lancé par Frank Ténot et Daniel Filipacchi, Europe N°1 organisait un concert gratuit, place de la Nation à Paris. Sylvie Vartan, Richard Anthony, et les Chats sauvages était au programme. Johnny Hallyday passait en clôture. Le retentissement a été considérable et si le concert s'est plutôt déroulé sans incident, il y a eu en périphérie des heurts entre bandes rivales.  Dans la presse le concert est passé au second plan, on n'a évidemment moins de l'événement que des dégradations et des interpellations de blousons noirs par la police. Le quotidien Le Monde, le 6 juillet, a publié un long article du sociologue Edgar Morin, utilisant l'expression "yéyé" un nouveau mot pour qualifier cette génération et ses idoles, en raisons des nombreuses onomatopées qui parsèment leurs chansons. "Da dou ron ron..."


Le rock, c'est "immortel"


Cs deux événements forts montrent que cette folie ne s'éteindra pas de sitôt. On ne souvient de la bagarre générale qui avait éclaté le 30 décembre 60 dans la salle Wagram, dès la deuxième chanson de Johnny Hallyday. La salle avait été dévastée par des fans endiablés. On se souvient aussi des sièges cassés au Palais des Sports, le 24 février 1961. Chaque concert finit par une mini-émeute. Plusieurs villes l'ont refusé. Au Liban, on l'a remis dans l'avion.

Pourquoi n'a-t-on pas écouté Lucien Morisse, directeur des programmes d'Europe n°1 ? Après la diffusion du premier disque 33 tours de Johnny, "Hello Johnny", dans son émission Le Discobole, excédé, a cassé le disque en direct à l'antenne en déclarant « C'est la dernière fois que vous l'entendez ! » Bien des parents ont fait de même. Et sans ce geste difficile mais nécessaire, les lecteurs de Paris-Dépêches doivent en être persuadés, Johnny, on en a pour des dizaines d'années. Ce genre, le "rock'n roll", c'est immortel...


D'ailleurs, la presse quotidienne, pour ceux qui la lise encore, paraît ce mercredi 6 décembre au matin sans aucune mention d'un décès de chanteur. Il y a la disparition de Jean d'Ormesson. Mais c'est un écrivain. Il ne chante pas. Et si on le dit "immortel", c'est juste parce qu'il est académicien.


 Dans la presse de ce matin, aucune mention du décès de Johnny Hallyday.