La vie meilleure, d’Étienne Kern
Publié le Par Pascal Hébert
Derrière "La vie meilleure", le dernier roman d’Étienne Kern, se trouve un personnage que tout le monde connaît sans réellement savoir qui il est réellement. Bien sûr, on retient, avec souvent de l’ironie, la fameuse méthode Coué, célébrée par un Dany Boon facétieux avec son gimmick « Je vais bien, tout va bien » dans son sketch ‘‘La dépression’’. Étienne Kern a décidé de nous parler de la méthode mais aussi du personnage.
Si Émile Coué de La Châtaigneraie est maintenant raillé, le romancier nous rappelle que ce bon pharmacien et psychotechnicien, né le 6 février 1857 à Troyes et mort le 2 juillet 1926 à Nancy, a connu son heure de gloire entre les deux grandes guerres. A l’automne de sa vie, Émile Coué était considéré comme une vraie rock star en Angleterre et aux États-Unis. Sa méthode et ses conférences faisaient déplacer les foules dans toutes les villes où il était ovationné. Dans son livre assez poignant, Étienne Kern retrace la vie d’Émile. On y découvre un passionné qui veut aider les clients de sa pharmacie. Émile Coué aurait pu tenir tranquillement son officine, mais en fait, celui qui se voulait médecin, est curieux de tout ce que la science apporte en cette fin du XIXe siècle, et notamment l’hypnose qui le fascine.
Entre succès et déboire, bonheur et déprime, Émile Coué, habité en permanence par le doute, cherche sa propre voie sur le chemin de la guérison et du mieux vivre. Au cours de ses discussions avec les spécialistes de l’époque un mot lui apparaît plein de sens : l’autosuggestion. Une révélation. Reprenant ses carnets, Émile Coué a trouvé la clé de sa fameuse méthode basée sur l’autosuggestion positive avec en point d’orgue l'imagination et l'inconscient qui exerceraient une influence sur la réalité. Cette méthode repose sur quatre piliers :
- ‘‘Quand la volonté et l'imagination sont en lutte c'est toujours l'imagination qui l'emporte sans aucune exception’’
- ‘‘Dans le conflit entre la volonté et l'imagination, la force de l'imagination est en raison directe du carré de la volonté’’
- ‘‘Quand la volonté et l'imagination sont d'accord, l'une ne s'ajoute pas à l'autre, mais l'une se multiplie par l'autre’’
- ‘‘L'imagination peut être conduite par l’autosuggestion consciente.’’
Partout dans le monde, on s’arrache son ouvrage La maîtrise de soi-même par l'autosuggestion consciente. Émile Coué est un révolutionnaire. Les nombreuses guérisons sont bien là pour en attester. Celui qui avait pour mantra "Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux", aura été le précurseur du développement personnel.
« Émile Coué, professeur d’optimisme. Il ne veut plus seulement soigner, mais aider à aller mieux, à tenir bon, à être heureux », écrit Étienne Kern. Lorsque Émile Coué se rend chez un de ses maîtres, Ambroise-Auguste Liébault, pour lui annoncer les résultats positifs d’une de ses expériences auprès d’une jeune fille, ce dernier lui répond : « Ni grâce à moi, ni grâce à vous. Ce n’est pas nous qui guérissons. C’est la confiance qu’on nous accorde. Là est notre force. Notre faiblesse aussi. » Le secret est sans doute là !
Pascal Hébert
"La vie meilleure", d’Étienne Kern. Éditions Gallimard. 188 pages. 29,50 €.