Terminus Malaussène, de Daniel Pennac
Publié le Par Pascal Hébert
Quand Daniel Pennac s’embarque dans les histoires de Malaussène, on peut avouer que l’on prend du plaisir à suivre toute cette famille foldingue dans ses aventures abracadabrantesques. Avec une série de rebondissements dans lesquelles on virevolte d’un personnage à un autre et d’une famille à une autre, cette saga, commencée en 1985, est particulièrement bien enlevée, cohérente et surtout super bien écrite.
Daniel Pennac, spécialiste du roman noir, a braqué les projecteurs sur Pépère dans le dernier opus, "Terminus Malaussène". Personnage incroyable dans le milieu du banditisme, Pépère est à la tête d’une bande à sa solde qu’il a éduquée pour commettre crimes et larcins. L’intrigue de "Terminus Malaussène" repose sur le kidnapping de l’affairiste Georges Lapiétà, bénéficiaire d’un parachute doré de plusieurs millions d’euros, relaté dans le précédent Malaussène : "Ils m’ont menti". Georges Lapiétà et son fils, Tuc, se retrouvent séquestrés par Pépère qui veut leur faire cracher une liste de personnalités de la "haute" corrompues et dont les informations peuvent être monnayables. Malgré une organisation au couteau et une maîtrise des affaires, Pépère ne contrôle pas toutes les situations. Des messages émanant des Malaussène viennent perturber le bon déroulement des opérations. Finalement Georges Lapiétà parvient à se sortir des griffes de Pépère et signale sa libération d’une brigade de gendarmerie.
Le talent de Daniel Pennac dans ce récit jubilatoire repose sur la savante mise en scène des situations avec des personnages que l’on perd et retrouve au gré du récit. Dans cette galerie de portraits, Pépère, à la fois effrayant par son cynisme, sa froideur et ses calculs, ne manque pas d’attirer, paradoxalement, la sympathie. Même si dans cette histoire de gangsters, Pépère est présenté au final comme un héros de la police nationale... C’est aussi là que réside la force des romans de Pennac qui arrive, comme dans les Tontons flingueurs, à nous distraire avec des faits qui deviennent burlesques.
Annoncé comme le dernier épisode de la saga, "Terminus Malaussène" est un titre à double sens. Compte tenu de la fin de cet épisode, il est peu probable que Daniel Pennac laisse ses fidèles lecteurs en rase campagne sans connaître la suite des Malaussène. C’est du moins ce que nous sommes en droit d’espérer.
Pascal Hébert
"Terminus Malaussène", de Daniel Pennac. Éditions Gallimard. 430 pages. 23 €.