Zoreille du Bois-Joli, de Claire Castillon
Publié le Par Pascal Hébert
Dans ses livres pour la jeunesse, la romancière Claire Castillon a l’habitude de regarder les situations complexes bien en face. Comme elle l’a prouvé avec son dernier ouvrage "Les longueurs", qui traite du viol d’une enfant. Chez Albin Michel, Claire Castillon se lance dans une série originale, drôle à souhait et comme toujours pédagogique cette fois-ci sur l’adoption animale. Embarquement immédiat avec "Zoreille du Bois-Joli", une chienne, pensionnaire d’un refuge comme on les aime.
"Zoreille, c’est un toutou comme seule Claire Castillon peut en inventer. Looseuse à souhait, romantique et un brin naïve sur les bords, cette bébête à quatre pattes a tout pour plaire ! Avec ses grandes oreilles qui pendouillent, elle ne manque pas d’écouter les humains qui la déconcertent. Il faut dire qu’il y a de quoi... Et qui plus est, elle a de l’expérience, Zoreille !
Après plusieurs tentatives d’adoption, elle atterrit dans le grand monde : chez les Omble de la Molle, une famille aristo propriétaire d’un château. Lorsque l’on goûte à la Haute avec principalement Jean-Tristan, Marie-Domitille et la jeune Ophélie, il faut savoir se tenir et assimiler rapidement tous les codes. Une mission impossible pour Zoreille, habituée à une vie plus simple dans son refuge du Bois-Joli avec ses potes du même rang social. Après un retour à la case départ, Zoreille se retrouve chez Trudi et Michaël, un couple un peu space. Délaissée, Zoreille ne perdra pas de temps pour quitter ces deux zèbres... oubliant qu’un chien n’est pas un meuble. Accueillie par Maïté, la patronne au cœur gros comme ça du refuge pour animaux de la France d’en bas, Zoreille attire l’attention d’Évelyne Legras, qui prendra carrément le contre-pied de Trudi et Michaël. Cette malheureuse maîtresse, pas tout à fait nette, a décidé de faire de Zoreille son enfant jusqu’à l’extrême. La nourrissant plus que de raison sans lui permettre de faire de l’exercice, Évelyne Legras rappelle sans cesse à Zoreille qu’elle est sa ‘‘maman’’. Une ‘‘maman’’ qui dépasse toutes les bornes en lui faisant prendre sept kilos.
Dans ce premier chapitre d’une série qui s’annonce brillante, Zoreille nous raconte avec une certaine légèreté son environnement, ses amis, ses amours impossibles avec notamment Akara. Avec l’air de rien, Claire Castillon montre dans ce livre qu’un animal domestique est une responsabilité et qu’on doit tout simplement s’en occuper et le respecter.
Cette série, dont le second tome est à paraître en février, est parfaitement illustrée par Églantine Ceulemans. Grâce au talent de ses deux créatrices, Zoreille a tout pour être adoptée par les lecteurs !
Pascal Hébert
"Zoreille du Bois-Joli", de Claire Castillon et illustré par Églantine Ceulemans.
Éditions Albin Michel Jeunesse. 166 pages. 11, 90 €.
Trois questions à Claire Castillon
Peut-on dire que Zoreille a beaucoup de ta chienne ?
Oui, je crois qu’on peut. Mais bien sûr, c’est un roman !
Zoreille du Bois-Joli est une série. Quels sont les thèmes qui seront abordés dans les autres tomes ?
Je ne veux pas dévoiler la vie de Zoreille mais je la laisserai sans doute explorer ses désirs les plus enfouis. Entre autres, celui de devenir mère…
Quel(s) message(s) veux-tu faire passer à travers les aventures de Zoreille ?
Aucun message mais un personnage. Je veux qu’on aime Zoreille, qu’on pense à elle et que parfois, mieux, on pense comme elle. En écrivant, je me surprends à avoir des réactions aussi décalées ou incongrues face au monde. Je voudrais que ce soit ça, Zoreille, un trait d’union entre soi et le monde, mais un trait d’union en forme de point d’exclamation.
Propos recueillis par P.H.