Dix-sept ans, d’Eric Fottorino
Publié le Par Pascal Hébert
La cellule familiale reste une source d’inspiration qui n’échappe pas aux écrivains. Souvent, dans leur œuvre, rejaillissent des faits marquants. Des faits tragiques ou souvent liés à des secrets de famille comme il y en a tant. Avec "Dix-Sept ans", Eric Fottorino n’échappe pas à la règle en cette rentrée littéraire 2018.
Trente ans après Rochelle, le romancier retrempe sa plume dans son passé, cette fois-ci pour nous livrer le portrait d’une mère inconnue à la vie surprenante et liée à l’étroitesse d’une époque cadenassée par la religion et le qu’en dira-t-on.
A la fois solaire et libre, Lina est une femme qui n’entre pas dans le cadre traditionnel d’une éducation stricte du milieu du XXe siècle. Bien au contraire. Mais tout commence bien plus tard. Un dimanche de décembre, Lina réunit ses enfants pour leur livrer une information qu’elle ne peut plus garder. La liberté qu’elle a revendiquée a entraîné des souffrances dont la naissance d’une fille qu’elle a dû abandonner. Cette révélation ne laissera pas indifférent l’auteur de ce roman qui partira à la recherche de cette mère inconnue et de son passé. Car lui aussi est né d’un père qui s’est volatilisé.
Sans mot dire, il décide de partir à Nice. La ville où tout a commencé. La ville où il est né. Que s’est-il passé dans cette ville ? Remonter jusqu’au début des années 60 pour trouver trace du passé n’est pas aussi aisé. Alors Eric Fottorino imagine la vie d’une adolescente dans ces années où la jeunesse cherche à s’affranchir des codes des parents. Fille amoureuse, Lina doit braver une famille qui doit éviter les scandales. Lorsque Lina est enceinte pour la seconde fois, il est décidé qu’elle ne gardera pas l’enfant. Sous la contrainte, elle signera cette fameuse attestation dans laquelle les mères renoncent à garder leur enfant. L’enfant à peine né est aussitôt retiré à la mère qui aura à peine eu le temps de l’apercevoir. Malgré cette blessure, jamais guérie, Lina essaiera tant bien que mal d’affronter le reste de sa vie en construisant une vie de famille. Mais ce lourd secret a pesé tout au long de ces années sur ses joies et ses peines.
Avec Dix-sept ans, Eric Fottorino puise dans son imaginaire et ses souvenirs pour écrire une très belle lettre à sa maman qu’il comprend au fil de ses recherches. In fine, l’auteur va également à la rencontre de lui-même et de ses relations avec une mère avec laquelle il est plus proche qu’il ne le pensait.
Pascal Hébert
Dix-sept ans, d’Eric Fottorino. Editions Gallimard. 262 pages. 20, 50 €