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La dépossession, de Rachid Boudjedra

Publié le  Par Pascal Hébert

Crédit image © Jean-François Paga


Rachid Boudjedra est un enfant de la guerre. De celle que l’on n’appelle pas ainsi, préférant la désigner comme ‘’les événements d’Algérie’’. Fidèle à lui-même et à ses convictions d’homme libre, le romancier continue son introspection. Cette fois-ci, il nous emmène dans son voyage intime. Celui d’un adolescent obèse, doué à l’école, mais qui se fait malmener, comme on peut l’imaginer, par ses congénères.

Derrière les rideaux, il y a la guerre et ses horreurs avec les massacres, les ratonnades, les viols, les tortures et les mises à mort. Dans cette guerre d’indépendance des années cinquante, le jeune Rachid tente de trouver sa place au milieu des siens, c'est-à-dire ceux qui tentent de vivre dans le chaos. De cette enfance à Constantine, Rachid Boudjedra retient le brillant des tableaux dans le cabinet d’expert comptable de son oncle. Une de ces deux œuvres, et pas des moindres, a été peinte par Marquet, un ami de Matisse. Alors que la terreur gronde, cette œuvre apporte l’apaisement. Un monde lointain ou à reconstruire, loin du tumulte. Avec son ami Kamel, il arpente les rues d’une ville de lumière à la recherche de l’amour. Comme tous les garçons de son âge, le jeune homme attend au croisement d’une rue le regard qui le mènera à l’amour. Avec le talent qu’on lui connaît, Rachid Boudjedra nous donne à voir son Algérie. Le pays de son enfance en pleine déconstruction, tout comme l’atelier du peintre Albert Marquet, symbole d’un monde disparaissant sous le bruit des bottes et des passions aveugles.

Une fois de plus Rachid Boudjedra nous fait entrer dans l’Histoire par la petite porte. Celle vécue par des enfants, adolescents avec leur regard aigu sur le monde des adultes pas toujours compréhensif. In fine, avec Rachid Boudjedra, on peut toujours se dire : à quoi bon tout ça !

Pascal Hébert

La dépossession, de Rachid Boudjedra, aux éditions Grasset. 216 pages. 17 €.