Stromae : Notre métier, c'est faire vivre nos morceaux
Publié le Par Fabrice Bluszez
Le chanteur Stromae a répondu aux questions de Redha Menassel.
Il est belge, à la frite, une chouette houpette et connaît un succès retentissant chez les 7 à 77 ans depuis quelques années déjà ! Non ce n'est pas de Tintin qu'il s'agit mais bel et bien du nouveau prince de Bruxelles, du maestro verlanisé, l’inimitable Stromae !
Avec son formidable Formidable, Stromae a réussi avec souplesse le grand écart qui consiste à faire danser les neurones et les gambettes, passant avec une aisance de folie de l’électro relevé à la chanson dégagée, de l’androgyne sophistiqué au soulard défroqué !
Redha : Stromae bonjour ! Vous avez réussi en quelques années à créer un personnage iconographique, reconnaissable du premier coup d’œil…
Stromae : Oui, on me parle très régulièrement de mon look ! Souvent en bien, encore plus souvent en mal. Mais il me correspond, je n'y peux rien, c’est une partie de moi, de ma personnalité, de ma vie !
Redha : A chaque fois que vous sortez un single, vous squattez la tête des charts pendant des semaines, quel est votre secret ?
Stromae : Mon objectif n'ont jamais été de vendre mais de créer. C'est de la minutie, du temps et du perfectionnisme avant d'être un business. Je ne pense pas être plus commercial que n'importe quel mec qui a une petite notoriété mais je n'ai pas envie de vendre un t-shirt avec écrit 'Stromae' dessus 40 fois son prix pour faire de l'oseille. En fait, j'essaie juste de défendre un projet qui me correspond et dire aux gens : "Hé les gars, sérieux, je ne me fous pas de votre gueule."
Et rien que pour ça, je travaille avec des graphistes et des stylistes depuis plusieurs années parce que j'ai le plus grand respect pour les gens qui m'écoutent, mais aussi pour ceux qui me regardent !
Redha : En tout cas, cela fonctionne puisque depuis des années, votre public danse, danse et en redemande. Pensez-vous que ce succès dans les dance floor fasse oublier la profondeur de certains de vos textes ?
Stromae : C'est vrai que j'ai un public assez jeune par rapport à la profondeur que certains pensent trouver dans mes textes… Mais on ne choisit pas le public qui vous suit ni les gens qui vous écoutent. Je ne fais pas de la musique pour les intellos ou pour les clubs ! "Alors on danse" par exemple, est un morceau très glauque, mais personne ne l'a perçu ainsi….c’est peut-être mieux !
Redha : Vous êtes systématiques comparé à Brel dans chacune de vos interviews. Est-ce que l’ombre du grand Jacques ne vous pèse pas ?
Stromae : Bien sûr que non, ça me fait plaisir ! Mais on ne compare pas une carrière de deux albums -si on peut appeler ça une carrière- avec un monument comme Brel. Il s'agit de deux musiques, de deux époques... On fait le rapprochement parce qu'il est Belge et moi aussi. Je pense aussi que c'est du à une certaine gestuelle, à un jeu de scène et à une manière atypique de balancer les bras. Je ne le fais pas pour lui ressembler, du moins pas de manière consciente ! Notre métier c'est un peu faire l'acteur, c'est de vivre nos morceaux et surtout, de les faire vivre sur scène .
Entretien : Redha Menassel