Deux courtes pièces haletantes aux Déchargeurs (1er arr.)
Publié le Par Paris Dépêches
Le théâtre Les Déchargeurs (1er arr.) présente encore cinq représentations de "Le bain" et de "L'apprentissage" (dernière : samedi 27 mars), diptyque théâtre/vidéo de Jean-Luc Lagarce mis en scène et joué par Daniela Labbé-Cabrera. Une œuvre physique et brève qui submerge.
Pourquoi faut-il y aller (la dernière est prévue samedi prochain, 20h) ? Car avec ces deux courtes pièces (le spectacle ne dure qu'une heure) le spectateur ressent la vie, même si cette dernière échappe. Il éprouve deux textes éminemment littéraires servis par la voix et le corps d'une comédienne on ne peut plus présente. Pour "Le bain", Daniela Labbé-Cabrera est là, à quelques centimètres du premier rang. Le public pénètre avec indécence son intimité, son récit, son histoire : celle d'une nuit et d'un jour. Un laps où la séparation précède la maladie et la mort. Le monologue a la puissance d'un râle. En arrière plan : un drap immaculé sert d'écran aux images vidéo tournées par la comédienne elle-même. Scènes oniriques hors-champs et certainement inconscientes réalisées sous l'eau. On étouffe en immersion.
Dans "L'apprentissage", Daniela Labbé-Cabrera exprime en direct, micro à la main face au même tissu-écran, les mots du retour à la vie d'un homme sortant du coma. La caméra subjective donne à voir un monde qui émerge de nouveau : une infirmière, belle, des murs aseptisés, le rire d'un enfant. Là encore, le spectateur est forcément impudique, mais consentant. Il faut vivre ce diptyque, le toucher du doigt. Le plongeon est rapide, l'immersion comme un flash. Dépêchez-vous : seulement cinq représentations d'ici samedi.
"Le bain" et "L'apprentissage"
de Jean-Luc Lagarce. Mis en scène et interprétés par Daniela Labbé-Cabrera.
A 20h, de mardi à samedi.
Théâtre Les Déchargeurs - 3, rue des Déchargeurs - 75001 Paris. Métro Châtelet.