Quand l’art prend la rue à la Bastille (12ème)
Publié le Par Paris Dépêches
Lors du "Grand marché d’art contemporain" qui s’est tenu place de la Bastille (12ème) entre le 27 octobre et le 1er novembre, 500 artistes - peintres, sculpteurs, graphistes et photographes confirmés (ou "jeunes talents") - ont donné à voir. Les coups de cœur de Paris dépêches.
Paris 12ème... Place de la Bastille le 1er novembre, le long du canal de l’Arsenal des artistes exposent leurs œuvres sous de grandes tentes blanches. Ils proposent aux promeneurs, avertis ou néophytes, leur travail autour d’un échange convivial et sans artifice. Monumentales ou minimalistes, les créations transportent, surprennent, agressent, apaisent… incarnent le présent, le futur. Des travaux, qui, au delà du simple regard, emmènent le visiteur dans des matières chaudes ou froides, dans des matériaux lourds ou légers : terre, pigment, acrylique, bois, tôle, verre.
Impossible de rester insensible
Dans l’une des allées, les délicates sculptures suspendues de Christophe Loyer attrapent l’œil. Là, des fils de bronze jetés dans le vide forment un demi-cercle où des personnages prennent la pose. Un regard philosophique mis en forme. "C’est un travail sur l’espace et le temps", explique le sculpteur.
Plus loin (photo ci-contre), des couleurs appliquées en couches successives sur une toile sans châssis interpellent. Le graphisme y est rigoureux. L’artiste, Elsa Bac, se raconte : "Mes toiles sont inspirées du regard que je porte sur l’ossature des buildings. J’aime cette architecture. J’imagine des personnes à l’intérieur et je construis des saynètes".
En poursuivant la balade, les grands formats de Marie-Noël Combes Martin (photo ci-contre) éblouissent. Des noirs et des blancs forment à eux seuls un récit. "Une technique mixte d’acrylique et de terre", explique-t-elle. "C’est l’expression de la rupture et de la liaison avec parfois des touches de rouges, couleur de la vie".
Plus sombre cette fois, l’expression de la souffrance mise en peinture et en sculpture par Pascal Guérineau. Des manques à combler qui se traduisent par des corps meurtris et autres têtes coupées…
Solitude, Pascal Guérineau
Plus loin, c’est un autre voyage qui est proposé. Plus rond. Celui des douelles de barriques de l’artiste Maurice Barbette. L’homme vient du sud et rend hommage aux vignerons de sa région. "Mes amis parlent avec des mots, moi je mets des formes". Des barriques en bois auxquelles il ajoute de l’inox, du verre et de l’acrylique."Dès que je coupe mes bois à la scie sauteuse, des effluves d’alcool viennent me chatouiller les narines" lance-t-il. Mais cet autodidacte créé par ailleurs des sculptures hallucinantes en acier inoxydable.
La bouille à Barbette, douelle de barrique
Le baiser de serpent, Eva Gramm
A l’extérieur, sur le bitume, les silhouettes modelées aux courbes sensuelles et tourbillonnantes de l’artiste grecque Eva Gramm donnent des nuances à la grisaille. Un monumental phallus aux couleurs psychédéliques (à gauche sur la photo ci-contre) entouré de Vénus accueille le curieux. L’expression d’une plastique, influencée par l’Art nouveau et le Pop Art, avec en prime une esthétique tirée de l’art helléniste.
Enfin, séduits ou captivés, surpris ou bousculés les amateurs d’art ou le simple visiteur prennent le chemin du retour, l’esprit nourrit et le corps léger.
Corinne Binesti
Attention : La prochaine édition du "Grand marché d’art contemporain" se tiendra place de la Bastille du 28 avril au 2 mai 2010.