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Salon du Livre 2015 : le livre numérique plus « à la page » que le livre papier ?

Publié le  Par Un Contributeur

Crédit image © AFP


Papier fait de la résistance ! Mais en a-t-il vraiment besoin ? A l’heure du tout numérique, environ 5 % des E-books sont vendus sur le marché français de l’édition. Une émergence qui est encore loin de concurrencer le livre papier. Mais le numérique va-t-il progressivement s’imposer ? A l’occasion du Salon du Livre 2015, qui se tenait à Paris du 20 au 23 mars, la rédaction a mené son enquête.

« Le livre est l’opium de l’Occident ». Cette phrase d’Anatole France n’a jamais été aussi vraie qu’aujourd’hui. Les livres papier connaissent toujours autant de succès, malgré une baisse des ventes, de 1 à 3 % en 2013, et une stagnation l’année dernière. Plus de 400 millions d’œuvres achetées en France, soit 13 livres vendus chaque seconde. Cette baisse serait-elle due à une augmentation du nombre de vente d’E-books ? A l’heure de l’immatérialité des produits culturels (films sur le net, musique en ligne et autres produits multimédias), cette éventualité est envisageable, mais dans les faits, c’est différent.
 

Ces faits, Mélanie Roth, éditrice aux éditions Balland, les explique : « Cette baisse n'a pas de rapport direct avec le numérique, mais avec la crise économique ». Pour Medhi Benlekehal, chargé de diffusion chez Gallimard, « les causes sont floues et la baisse n'est ni significative ni alarmante. Il est plus probable que cela soit lié à une période financièrement plus délicate où les achats en produits culturels sont les premiers à souffrir des restrictions financières ».
 

Le livre numérique ne serait donc pas directement responsable de cette baisse, mais cela ne l’empêche pas d’émerger, malgré le peu d’E-books vendus. Ce qui plait dans ce média, selon Mélanie Roth, « c’est sa mobilité : pouvoir partir en vacances avec l’intégralité de sa bibliothèque. C’est également son ergonomie, avec la possibilité de changer la taille de la police de caractère, par exemple ». Et de formidables perspectives sont envisageables, comme l’intégration de photos, de vidéos ou encore de paratextes. De quoi apporter une véritable valeur ajoutée au livre.

Le livre papier, un succès sans nul autre pareil

Alors pourquoi le livre papier a-t-il toujours autant de succès ? Il s’agit vraisemblablement d’une question de culture et d’histoire, mais également de prix puisque les liseuses et autres tablettes tactiles coûtent encore une somme conséquente. Josiane, une lectrice confirmée en visite au Salon, évoque l’amour qu’elle porte aux livres de chair et d’os, ou plutôt de papier et d’encre. « Le premier critère qui me plaît dans un livre, c’est le toucher », se réjouit-elle entre deux vagabondages de stand en stand. « Je trouve que le papier a une certaine sensualité que l’on ne retrouve pas dans sa version numérique ». Elle évoque également « l’énorme plaisir d’acheter un livre et de l’avoir entre les mains », mais aussi le fait de pouvoir « prendre des notes, marquer les pages par des post-it pour pouvoir reprendre certains passages ou chapitres ». « La lecture est ainsi plus approfondie », explique-t-elle.
 

Une chose que partage Medhi Benlekehal, en ajoutant que « le prêt entre amis est un facteur fort, tout comme la richesse de l'offre ». Et qui confirme la suprématie du livre papier. Mais pourra-t-on voir un jour l’E-book s’imposer en France ? Sur ce point, les avis sont partagés. Pour le chargé de diffusion, papier et numérique sont plus complémentaires que substitutifs. « Le livre numérique apporte une autre manière de lire. […] Un lecteur n'a pas à choisir entre lire en numérique ou lire en papier. Il peut très bien faire les deux, en fonction de ses envies ou de ses besoins ».
 

Pour Mélanie Roth, tout dépend du livre : « concernant les romans, essais ou encore les témoignages, le livre numérique pourrait prendre une part très importante du marché ». Et de continuer : « Nous pouvons déjà observer ce phénomène dans la presse aujourd’hui, mais qu'en est-il d'un beau livre dont la matérialité est aussi importante que le contenu ? » argumente-t-elle. La jeune femme conclut : « Il y aura toujours des bibliophiles très attachés à l'objet en tant que tel ». Quant à Josiane, « le livre numérique sera un complément, mais ne remplacera jamais le livre papier ». Le compromis serait donc de faire des ventes couplées papier/numérique. Aux éditeurs français de travailler sur la question, en s’inspirant de la presse qui fonctionne déjà sur ce modèle et du marché de l’édition aux Etats-Unis, pour qui les ventes couplées sont désormais une réalité.
 

Laurent Pradal