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Philharmonie de Paris : pourquoi son ouverture fait–elle débat ?

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

Crédit image © flickr - Hugh Dutton Associés


La Philharmonie de Paris a été inaugurée, mercredi 14 janvier, par Anne Hidalgo, maire de Paris et le président de la République François Hollande. Son ouverture, jugée trop précoce par l’architecte Jean Nouvel, a pourtant connu quelques remous.

Anne Hidalgo et François Hollande réunis mercredi 14 janvier, sur la scène de la Philharmonie de Paris. L’image est belle, pour fêter en grande pompe l’inauguration de l’auditorium philarmonique qui manquait tant à la capitale. Vingt-cinq après l’ouverture de l’opéra Bastille, Paris tient enfin son « Centre Pompidou de la musique », comme le qualifie Pierre Boulez, 90 ans, initiateur du projet dans les années 80. Pourtant derrière les sourires de satisfaction du gratin politique et culturel de la capitale, se cachent quelques polémiques. Certaines appartiennent au passé, d’autres sont encore bien présentes.

Baisse des subventions de la Ville

La salle de 2 400 places a été implanté porte de Pantin, à la limite de la Seine-Saint-Denis dans l’Est parisien. La raison ? Conquérir un nouveau public, plus jeune et au-delà des spectateurs habituels de la musique classique qui se cantonnent à l’Ouest de la capitale. Un objectif qui se ressent dans les tarifs très accessibles : à partir de 10€ pour les moins de 28 ans, (jusqu’à 160€ pour les meilleures places).
 

Pourtant, le projet n’a pas toujours été en odeur de sainteté à l’Hôtel de Ville. Initié dès 1981, le projet, longtemps jugé pharamineux et trop coûteux, n’aboutira qu’en 2006. La crise a bien failli coûter la vie au projet mais Nicolas Sarkozy, alors président de la République l’a finalement maintenu. Encore récemment, l’équipe d’Anne Hidalgo jugeait son budget de fonctionnement annuel trop élevé. Au point de revenir sur l’accord initial. L’Etat et la Ville de Paris devaient donner chacun 9 millions d’euros par an pour permettre à la salle de fonctionner. En décembre dernier, l’équipe municipale a annoncé une baisse de 3 millions d’euros de subventions publiques annuelles.

Coûts qui explosent

Et si la Ville est revenu sur cette décision, c’est que la Philharmonie de Paris a déjà coûté cher. Beaucoup plus que le budget de départ en tout cas. Estimé à 204 millions d’euros en 2007, celui-ci a finalement dépassé la barre des 380 millions d’euros… Inflation, évolution des normes, hausse du prix de l’acier, retards dans les travaux… Les raisons ne manquent pas pour justifier un tel dépassement, mais c’en était trop pour la mairie, qui a refusé de prendre en charge le dernier surcoût de construction de 45 millions d’euros.

Ouverture précoce

Et les problèmes de gros sous ne s’arrêtent pas là. Car les travaux ne sont toujours pas terminés. Jean Nouvel, le créateur du bâtiment jugeait même l’ouverture de la salle trop précoce. Au point d’avoir décidé de ne pas assister à son inauguration. Dans une tribune au Monde, le célèbre architecte explique son choix. Selon lui, l’avancement des travaux ne permettaient « pas de respecter les exigences architecturales et techniques ».
 

Las, le président de la Philharmonie, Laurent Bayle, a décidé de maintenir la date d’ouverture. Mais cela fait bien longtemps que l’architecte a été mis sur la touche. Depuis que François Hollande et ses différents gouvernements jugeaient les dépenses trop onéreuses. La Philharmonie a pourtant bel et bien accueillie son premier concert, mercredi 14 janvier, « dans une architecture qui oscille souvent entre la contrefaçon et le sabotage », lâche Jean Nouvel. Les spectateurs qui assisteront aux portes ouvertes, les 17 et 18 janvier, pourront se faire leur propre avis sur la question.