Plan d’économies : majorité et opposition n’ont pas la même lecture du vote
Publié le Par Antoine Sauvêtre
Capture d'écran Youtube
Au lendemain du vote par l’Assemblée nationale du plan d’économies de Manuel Valls, le premier ministre et sa majorité se félicitent d’un « acte fondateur ». L’opposition y voit une « fissure dans la majorité ».
Le plan d’économies de Manuel Valls a certes été approuvé par 265 députés, contre 232, mais ce qui marque les esprits au lendemain du vote, c’est le nombre de socialistes abstentionnistes. « Une trentaine » de députés PS favorisant l’abstention était évoquée avant le vote. Il y en a finalement eu 41. Les frondeurs s’en félicitent. Le gouvernement et ses fidèles préfèrent y voir un « acte fondateur ». L’opposition attaque un gouvernement fragilisé.
Manuel Valls
Invité à s’exprimer par le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone quelques instants après l’annonce des résultats, Manuel Valls n’a pas eu de mots pour les députés socialistes récalcitrants. Le premier ministre s’est contenté de défendre son choix de faire voter son plan d’économies par l’Assemblée nationale. Rien ne l’y obligeait. Manuel Valls pensait ainsi gagner « en crédibilité face à l’Europe ». Avant de remercier les parlementaires, le premier ministre s’est dit « convaincu » que le résultat du vote est « un acte fondateur, important, pour la suite du quinquennat du président de la République ».
Le gouvernement
Par la voix de son porte-parole Stéphane Le Foll, le gouvernement s’est félicité du résultat. Pour lui, « la majorité n’est pas menacée ». « Au-delà du fait qu’il y a 41 députés qui se sont abstenus, il y a une majorité de gauche et même une majorité PS ». Le ministre de l’Agriculture avoue toutefois que cette majorité est « juste, même très juste, le PS n’a plus que trois voix d’avance. Mais cela, on le sait depuis les [législatives] partielles », a-t-il expliqué sur France Info.
La veille, Stéphane Le Foll s’était montré encore plus optimiste quelques minutes après le vote qui « ne fragilise pas le Premier ministre, au contraire ça le renforce. Et ça nous donne la capacité ensemble de pouvoir poursuivre la trajectoire qui a été présentée et adoptée », lâchait-il.
L’UMP
Christian Jacob, chef de file des députés UMP a immédiatement réagi au vote dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Il s’agit « d’une revers cinglant pour le Premier ministre et par voie de conséquence pour le président de la République », pense-t-il. « Un vrai échec, une vraie fissure dans la majorité », le député UMP attaque une majorité qui « ne tient plus ». Le signe pour lui que « le président de la République est dans l’incapacité à porter des réformes ».
D'autres personnalités de droite ont réagi via Twitter. Toutes les voix concordent : ce vote est un échec pour le gouvernement.
Avec 41 abstentions #PS, c'est officiel : le gouvernement de Manuel Valls n'a plus de majorité absolue à l'@AssembleeNat #DirectAN
— Bernard Accoyer (@BernardAccoyer) 29 Avril 2014
41 absentions au groupe PS, le programme de stabilité de Manuel #Valls devient le programme de déstabilisation de la majorité. #DirectAN
— Eric Ciotti (@ECiotti) 29 Avril 2014
Bruno Le Roux
Le président du groupe socialiste, qui a tenté jusqu’au bout de faire plier ses députés frondeurs, regrette qu’il y ait eu « trop d’abstentions mais clairement une majorité de gauche ». Bruno Le Roux fait remarquer qu’il n’y a eu « aucun vote [socialiste] contre à l’intérieur du groupe », oubliant un peu vite que trois députés MRC, apparentés au PS, ont effectivement voté contre. Le chef de file du groupe socialiste assure qu’il continuera « à dialoguer avec ceux qui se sont abstenus ».
L’aile gauche du PS
Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice réputée pour faire partie de l’aile gauche du PS a félicité sur Twitter les 41 députés socialistes abstentionnistes.
BRAVO aux 41 députés PS qui se sont abstenus et manifesté désaccord avec le pacte de responsabilité et le plan présenté par Manuel Vals
— MN Lienemann (@mnlienemann) 29 Avril 2014
Les Verts
La majorité des députés écologistes a voté contre le plan d’économies. C’est le cas de la co-présidente du groupe écologiste à l’Assemblée, Barbara Pompili. Elle ne se dit pas surprise du nombre d’abstentionnistes socialistes. « On sent depuis les élections municipales, un besoin des parlementaires d’exister dans le débat et d’avoir un véritable échange avec le gouvernement », expliquait-elle avant d’attaquer les « méthodes un peu poussiéreuses de la Vème République ». Pour elle, « le gouvernement a sa majorité godillot et comme un seul homme appuie sur le bouton », se désole-t-elle.