Présidentielle : la famille Le Pen fait son show à Lille
Publié le Par Jennifer Declémy
Qui ira le plus loin sur le thème de la nation, de l'identité et de l'immigration ? Nicolas Sarkozy ou Marine Le Pen ? Avec deux grands discours prévus aujourd'hui pour les deux candidats, la frontiste a déjà pris de l'avance hier.
Deux jours de convention frontiste à Lille, c'est la garantie de polémiques lancées, "bons mots" du patriarche et attaque en règle sur le thème de l'immigration. Hier les Le Pen nous ont donc livré leur show, dans la plus grande tradition du parti.
Le premier à ouvrir le bal, c'est Jean-Marie Le Pen qui n'a plus peur d'une polémique. Ciblant d'abord Nicolas Sarkozy qui se veut désormais candidat du peuple, l'ancien candidat hilare ose la comparaison "c'est comme une pute qui devient chaisière à l'Eglise". Interrogé sur son ancien adversaire, le père Le Pen se dit persuadé qu'il ne réussira pas à embrayer sur ce créneau, lui moins que tout autre encore.
Mais le plus important hier fut son discours, abordant d'abord les thématiques traditionnelles de son parti, avec une critique en règle de "la pornographie généralisée, l'indifférenciation sexuelle, le système de prédation ploutocratique, la bourgeoisie libérale sociale-démocrate (...) la jeunesse a été volée, trahie, sacrifiée. Elle doit refuser ce carcan et s'arracher à la torpeur de la décadence. Nos valeurs sont la nation, la France, la lignée". Les jeunes du Front National, présidés par Julien Rochedy, sont ravis. Et la fin du discours, qui sera une citation de Robert Brasillach, ce journaliste collabo et fusillé à la Libération, ne suscitera aucune protestation dans la salle.
Elle ne gêne pas non plus Marine Le Pen qui fait de Nicolas Sarkozy la cible principale de son discours, furieuse sans doute qu'il ose revenir sur son territoire électoral et effrayée qu'il puisse réussir, comme en 2007. Elle livre donc une véritable attaque en règle, fustigeant "le président des riches qui devient soudainement le président du peuple" ; "il n'y a que des imbéciles pour croire au grossier tour de passe du président des riches (...) je suis, et je le répéte, la seule opposition à cette caste, la seule opposition à l'UMPS, seule opposition à tous leurs relais politiques, médiatiques et corporatistes. Je suis dans cette campagne la révolte populaire et cette révolte va maintenant parler".
Et à Lille, Marine Le Pen n'oublie pas non plus de parler laïcité et immigration, histoire de ne pas se faire dépasser par Nicolas Sarkozy sur ce terrain. Elle a donc décidé de partir en guerre contre le halal, en Ile-de-France notamment, où elle prétend que les grandes enseignes et abattoirs ne délivrent plus que de la viande halal. Elle va donc engager une action en justice, car elle affirme détenir des preuves sur ce sujet qui induit "une tromperie. Le peuple français est prisonnier de son propre pays". Pire encore, "le fait que tout le monde soit obligé de se soumettre à l'exigence alimentaire issue d'une religion nouvelle est quelque chose de profondément inadmissible et scandaleux". Gageons que Nicolas Sarkozy lui répondra sur ce thème cet après-midi.