Nicolas Sarkozy ou l'art détourné du référendum
Publié le Par Jennifer Declémy
A chaque jour son annonce de référendum. Après le droit des étrangers et des chômeurs, voilà venu celui sur la règle d'or. Avec un objectif bien caché.
Nicolas Sarkozy serait-il devenu gaullien sans nous prévenir ? Il semblerait que oui, au vu de ses dernières propositions déclamées depuis une semaine. Après le référendum sur le droit des chômeurs, sur les étrangers, on nous promet aujourd'hui un vote français sur la règle d'or si le président actuel est reconduit dans ses fonctons. Or, on peut légitimement s'interroger sur cette nouvelle lubie de l'exécutif, alors que l'on connait l'opposition du candidat UMP à toute consultation référendaire, et que les français n'ont pas eu à s'exprimer de la sorte depuis près de sept ans.
Les sujets concernés sont également étranges : pourquoi pas plutôt le sujet des retraites, de la TVA sociale ou même la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux ? Pourquoi spécifiquement ces trois projets-là ? Nicolas Sarkozy prétend que le référendum sera utilisé si aucun accord avec les partenaires sociaux ne peut être trouvé. Mais ne faut-il pas plutôt dire que les référendums auraient obligatoirement lieu à cause de l'impossibilité évidente de trouver un accord avec les sénateurs socialistes ? Il semble logique que oui car en l'état actuel des choses le Sénat socialiste refusera de voter toute réforme de la constitution voulue par l'UMP.
Nicolas Sarkozy, en promettant l'usage du référendum, renoue donc avec les petites ruses du général de Gaulle qui, Président, avait l'habitude de recourir à l'avis du peuple dès qu'il voulait quelque chose que les parlementaires ne voulaient pas, comme ce fut le cas pour l'élection du Président de la République au suffrage universel direct, et ce au détriment évident de la constitution. En incorporant des référendums dans son programme, le chef de l'état promet donc que s'il est réélu, il ne laissera aucun obstacle constitutionnel l'abattre dans sa volonté de réforme.